00. Time for an intervention [Carter, Hunter & Nath]

Il a pris son mal en patience et aujourd’hui, il est temps d’aller frapper à la porte de Miss Wuornos pour jouer les bons samaritains et obtenir sa récompense. Il en a été tout excité toute la journée, mais le garagiste n’a pas pu l’exprimer, devant au contraire s’assurer de paraître contrarié à tous ceux qu’il croisait dans la journée. Il a même boudé son plat ce midi alors que personne n’était là pour le voir faire. Vous pensiez que les voisins ne fouillent les poubelles des autres que dans les films ? Venez donc à Grayson… Nath est le premier à s’adonner à ce genre d’activité sans une once de dégoût ou de culpabilité. Quand on veut foutre les autres dans la merde, il ne faut pas avoir peur de se salir un peu les mains après tout… Bon, il doute que qui que ce soit vienne fouiller ses poubelles dans la soirée, cependant, quand il joue son rôle : il le joue bien et non à moitié. Si on ne s’applique pas, il ne faut pas s’étonner que les choses partent à volo. Et à Grayson, pour certains, il est pour ainsi dire mortel de ne pas chercher à s’impliquer ou à s’appliquer… Reste à espérer que Dorian n’ait toujours pas retenu la leçon et en paie le prix. Mais pour le moment, c’est du cas d’Hunter Pendleton qu’il doit se charger. Son très cher employé. Ce sac à whisky imbécile qui a au moins le mérite d’égayer ses journées ces temps-ci.

Il a soigneusement refermé le garage derrière lui et a pris sa voiture pour rejoindre le domicile de l’animatrice radio. Animatrice qu’il s’était d’ailleurs forcé à écouter durant quelques temps, histoire de savoir ce qu’elle faisait très exactement et de lui démontrer quel amour de voisin il est. Elle avait une voix absolument désagréable et n’avait pu s’empêcher de grimacer chaque fois qu’elle avait éclaté de rire… Qu’est-ce qu’elle foutait derrière un micro, sérieusement ?
Mais c’est un autre débat et il n’a pas le temps de se prêter à ce petit jeu là. Il gare sa voiture en face du domicile de John et Hadley et s’extirpe de son véhicule, non pas pour aller frapper à leur porte, mais à celle de la maison devant laquelle il s’est parqué. Celle d’Hunter. Il grimpe les deux petites marches cimentées et frapper quelques coups à la porte, sans obtenir de réponse. Il réitère son geste une seconde fois, avec plus d’insistance, puis va jeter un œil du côté de la fenêtre. Mais toutes les lumières sont éteintes bien entendu. Alors il fait bravement le tour de l’habitation, dans la pénombre, s’éclairant à l’aide de la lampe torche que le garagiste a pris soin d’emporter avec lui.
Et quand il reparait à l’avant de la propriété, comme il l’avait calculé : cette chère Carter apparaît dans son véhicule, rentrant de sa dure journée de la beur.

Nathaniel fait mine de porter ses mains en visière pour discerner l’identité de l’arrivante et, lorsqu’il est censé l’avoir reconnu, agite sa petite lampe pour la saluer. Et puis, après un dernier coup d’œil en direction de la maison de Pendleton, il traverse la rue pour aller la saluer. Mais pas que, bien entendu.
Elle coupe le moteur de son engin, en sort et il l’attend près de la portière, l’air déconfit. Il voit ses sourcils bruns se crisper un peu, certainement sous le coup de la curiosité.
Qu’est-ce qu’il me veut ? Est-elle très certainement en train de se demander. Il y vient, pas de panique : il y vient…

« Bonsoir, Carter. »
Elle le salue et il commence à piétiner sur place, histoire de lui faire comprendre que quelque chose ne va pas mais qu’il ne sait pas trop par où commencer. Et là encore, les choses se passent exactement comme il l’avait prédit. Elle lui demande si quelque chose ne va pas.
S’il commence à lui faire la liste des choses qui ne tournent décidément pas rond à Grayson, elle est bonne pour une nuit blanche. Il va donc se contenter de répondre avec le sujet qui est censé le préoccuper ce soir.
« Oui… Enfin non. Je veux dire… Ce n’est peut-être rien mais… » bafouille Nathaniel en jetant sans cesse des coups d’œil de l’autre côté de la rue, amusé (intérieurement) de voir Carter finir par l’imiter avec curiosité. « C’est à dire que je commence à m’inquiéter un peu. Hunter n’est pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier d’un modèle de ponctualité et il lui arrive de manquer quelques heures de travail de temps à autres pour des raisons…disons personnelles, mais…il me prévient toujours et il s’excuse chaque fois pour son retard. »
Il pousse un lourd soupir et fait mine de se recentrer sur son idée principale, de se donner du courage pour lâcher ce qu’il a réellement à dire.
« Ca fait une semaine qu’il n’est plus venu travailler du tout, Carter. Depuis hier, il ne donne plus signe de vie et ne répond plus à mes appels. Je frappe à sa porte depuis dix bonnes minutes maintenant et il ne répond pas non plus. J’ai pensé à appeler le drugstore pour savoir s’il était là-bas parce que je sais que ça lui arrive de plus en plus souvent, les gens parlent, mais je n’ai pas mon cellulaire sur moi et… Enfin nous avons déjà abordé le sujet de mon imagination fertile l’autre fois et en ce moment les idées qu’elles m’inspirent sont vraiment inquiétantes… »
Regard de chien battu et nouveau coup d’œil vers la maison plongée dans l’obscurité dans son dos.

Time for an intervention

Le temps passe…lentement très lentement…

Aussi lorsqu’elle rejoint sa voiture, Carter à déjà l’impression d’avoir vécu plusieurs journées, il faut dire qu’elle s’était fait porter pâle pendant deux jours cette semaine et son patron lui avait gentiment fait comprendre que cela n’arriverait pas deux fois et que ses heures d’absences devaient être compensées à un moment ou à un autre. Il aurait pu tout autant dire que le plus tôt possible serait le mieux et comme elle ne pouvait pas vraiment se permettre d’avoir une retenue sur salaire ce mois-ci, elle avait pris des shifts supplémentaires ce qui rendait les journées relativement difficiles et laborieuses. La jeune femme grimpa dans l’habitacle, jeta son sac sur le siège passager et referma la porte, elle resta là une seconde, enfonçant son dos dans le siège et laissant échapper un profond soupir, elle était épuisée mais, n’avais pas la moindre envie de rentrer chez elle, ou ne l’attendait comme d’habitude que des corvées et un père probablement inconscient dans le salon…cette situation commençait vraiment à lui devenir difficile, elle ne savait plus comment agir, ni comment faire réagir son paternel et il n’y avait pas une seule âme dans ce bled à qui elle oserait demander de l’aide, les rumeurs allaient bon train et la dernière chose qu’elle voulait faire c’était entendre les gens déblatérer sur son père…elle n’y était pas préparée. Elle attrapa son sac pour en sortir son paquet de cigarette et attrapa au passage la lettre qui trainait depuis plusieurs jours au fond de celui-ci, elle alluma sa clope et déplia le morceau de papier qu’elle avait déjà lu et relu en long, en large et en travers. AVIS DE NON PAIEMENT était inscrit en en-tête et le montant qui était indiqué en dessous la fit rouler des yeux encore une fois…il n’y avait pas moyen qu’elle trouve assez d’argent pour éponger les traites de son père, il fallait qu’elle se débrouille pour obtenir un délai par n’importe quel moyen…

Agacée, elle termina par jeter le morceau de papier, qui retrouva ainsi sa place initiale et après avoir entrouverte sa fenêtre, alluma le contact pour regagner les rues sombres de Grayson. La radio s’enclencha et diffusa une de ses chansons très en vogue qui devait contenir trois phrases énoncées en boucle sur un rythme agressif, elle appuya avec impatience sur les boutons du poste de radio pour trouver quelque chose de plus écoutable et arrêta son choix, sur un classique du rock américain des années 60, un bon truc qui ne vieillit pas et qui passait toujours aussi bien. Ses doigts suivaient le rythme de la musique sur le volant et la jeune femme tâchait de se concentrer au maximum sur la route, surtout à partir du moment où elle pénétra dans leur ville qui était plongé dans une profonde pénombre, l’incident du week-end dernier était encore gravé dans sa mémoire…elle n’avait pas revu Hunter depuis, pas le moindre signe, elle ne l’avait ni croisé, ni aperçu et n’avait à dire vrai pas essayer de le contacter, elle avait beau s’en vouloir pour ce qui s’était passé, elle était tout aussi en colère et vexée de sa façon d’agir avec elle. En parlant d’Hunter, lorsqu’elle accéda à sa rue, elle aperçut quelqu’un lui faire signe en agitant une lampe, elle n’avait pas vraiment su discerner de qui il s’agissait mais, une chose était sûre ce n’était pas la carrure d’Hunter. Elle gara sa voiture devant chez elle et s’en extirpa pour découvrir Nathaniel Redd…qu’est-ce qu’il pouvait bien faire ici ?

« Bonsoir, Carter. » Il semblait agiter et ne tenait pas vraiment place, Carter lui adressa un regard interrogateur avant de le saluer à son tour.
« Bonsoir Nathaniel, qu’est-ce qui vous amène ici ? Est-ce que tout va bien? »
Sa réponse ne se fit pas attendre et ce n’est pas pour être franche ce qu’elle avait espéré entendre, elle aurait voulu qu’il lui adresse une ou deux banalités avant de rentrer chez lui et de la laisser ainsi vaquer à ses occupations, coucher son père et se détendre un peu dans un long bain mais, elle avait maintenant la vague impression que cela n’était pas près d’arriver. Il semblait incertain et ne cessait de jeter des coups d’œil inquiets vers la maison Pendleton, geste qu’elle finit par mimer à son tour, elle écoute le garagiste lui faire part de son inquiétude quant à l’absence d’Hunter, ce qui dans un premier temps ne surprend pas plus que ça la jeune femme mais, très vite le ton alarmant de Nathaniel et son attitude lui fait revoir son jugement…elle n’a pas vraiment envie de voir Hunter, ni de risquer de devoir le ramasser dans sa merde une fois de plus mais, elle a le sentiment que Nathaniel ne comptait pas bouger d’ici sans être sûr que son employé était sur ses deux pieds. « Euh je ne l’ai pas vu depuis dimanche, je ne sais pas trop quoi vous dire… je peux vous accompagner pour voir ce qui se passe là-bas si vous voulez… » Avait-elle lancé en désignant la maison éteinte d’Hunter d’un mouvement de tête. Il avait acquiescé d’un signe de tête lui tendant un sourire reconnaissant. La brune avait traversé la rue et s’était dirigé droit vers la porte d’entrée, elle avait frappé à la porte sans ménagement, espérant pouvoir en finir rapidement mais, pas un bruit ne se fit entendre de l’autre côté, elle réitéra à plusieurs reprises son geste, l’accompagnant d’un « Hunter » ferme et sonore, haussant le ton au fur et à mesure qu’elle essayait de se faire entendre. Peut-être n’était-il tout simplement pas chez lui mais, connaissant l’énergumène rien n’était moins sûr, elle se dirigea alors vers l’endroit où le jeune homme planquait son double de clé, elle l’avait utilisé un mois plus tôt pour s’introduire chez lui et espérait qu’il n’avait pas eu la présence d’esprit de cacher ses clés ailleurs. Quelques secondes plus tard, elle put répondre à sa question en dénichant le trousseau. « On va en avoir le cœur net, s'il n’est pas là cependant je ne pourrais surement pas vous être d’une aide quelconque… » Elle glissa la clé dans la serrure et ouvrit la porte d’entrée, le silence régnait, pas un signe de vie n’égayait la demeure.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Carter n'a pas franchement l'air dans son assiette et un autre que lui, doué de la capacité de compatir et s'émouvoir face à la détresse des autres, ce serait certainement arrêté quelques instants pour se demander ce qui pouvait bien la tracasser. Mais Nath n'est pas capable d'empathie et il se moque de ce qu'elle ressent, tant qu'elle s'adonne à son petit jeu. C'est ce genre de détail qui finira par le trahir. Ce sont ces moments où il se laisse dominer par ses propres envies et se concentre à feindre ses émotions qui finiront par avoir raison de lui. Mais ça aura au moins été fun le temps que ça aura duré.
Et de toute manière pour le moment, il a une excellente raison de nier l'existence des états d'âmes de sa jeune interlocutrices. Des raisons tout à fait louables à condition de faire passer eux d'un enfoiré de première alcoolique et mal aimable avant ceux d'une demoiselle respectable. Enfin dans les apparences du moins...
Jusque là en tout cas, Carter joue le jeu. Elle n'est pas plus inquiète que ça, mais s'il a bien calculé son coup (et Nathaniel n'en doute évidemment pas) dans un instant elle pourrait bien se laisser gagner par l'angoisse. Hunter a de l'avenir en fin de compte, c'est une marionnette absolument formidable !

Quand elle lui propose d'aller vérifier de quoi il retourne exactement, il doit se retenir de laisser échapper un ricanement glorieux. Le garagiste de contente d'un hochement de tête approbateur et d'un sourire reconnaissant. C'est vrai qu'après tout il l'est. Elle se laisse gentiment mener par la bride là où il veut la conduire. Comme tous les autres.
Il lui emboîte le pas, la laissant prendre les rênes pour un temps. Très franchement, Nath trouve que le rôle du second rôle justement est trop souvent négligé. Dans les films, ce son toujours les suiveurs du héros qui trouvent la solution au problème et permettent au protagoniste d'obtenir l'objet de son désir, qu'il s'agisse d'une poufiasse, d'un trésor quelconque... Au fond, il va simplement donner à Carter une chance de briller et de sauver son grand ami. Il offre à Hunter la chance de retomber sur ses pattes. Il ne le fait pas sans arrière pensée bien entendu, le garagiste sert toujours son intérêt et celui de Grayson en priorité, mais il n'empêche que c'est ce qu'il va faire ! Merci qui ?

Mais pour l'heure, ils cherchent un moyen de pénétrer dans la demeure du grand blond attardé. Et comme il l'escomptait, Carter prouve son utilité et rempli la fonction de chercheuse de clés. Il lui adresse un nouveau sourire lorsqu'elle met la main sur le double planqué (tu parles d'une planque) et la laisse encore une fois prendre les devants.
« Oui, bien sur. Je veux juste me retirer un poids de la conscience et m'assurer qu'il n'est pas...en fâcheuse posture » grimace-t-il avant de la suivre tandis qu'elle pénètre dans l'habitation.
Il est immédiatement dérangé par l'odeur qui règne. Une odeur de renfermé, des vapeurs d'alcool, un relent de cigarette et d'autres choses encore qui lui donnent la nausée. Ce type ne sait pas vivre. C'est un véritable porc et le désordre règne en maître dans sa porcherie. Il lui suffit d'un tour d'horizon à l'aide de son faisceau lumineux sur le salon dans lequel ils viennent pratiquement d'atterrir pour le réaliser. Heureusement, Carter ne remarque rien, trop occupée qu'elle est à chercher l'interrupteur.

Elle presse rapidement le bouton, rendant sa lampe électrique inutile et il ne lui faut pas plus d'une poignée de secondes pour repérer Hunter. Ou du moins l'épave qu'il en reste. Alors que Nath a fait porter son regard devant lui, sur le salon, puis vers la cuisine à sa gauche, l'animatrice radio a détourné ses yeux chocolats sur la droite, vers l'étroit couloir menant aux chambres et à la pièce d'eau. Bingo !

Elle lâche un juron et s'approche rapidement de la masse évanouie face contre sol entre deux portes.
« Seigneur » laisse pour sa part échapper Nathaniel, en les rejoignant après un moment de flottement.
Le temps de mesurer l'horreuuur de la situation...
Il s'attendait à ce que Miss Wuornis fasse preuve d'un peu plus de douceur à l'égard de son ami mais visiblement, elle a atteint son seuil de tolérance et son empathie a des limites. La gamine lui plait de plus en plus... Debout derrière elle, puisque la disposition des lieux ne lui permet pas de se mettre lui aussi auprès d'Hunter, il la regarde le secouer et tenter de le ramener à lui en lui donnant des ordres qu'il ne suit pas le moins du monde.
Après une bonne minute de ce spectacle, Nath se manifeste enfin, d'une voix hésitante.
« Vous voulez de l'aide pour le redresser ? »
Elle approuve et il fait exprès de chaque fois lui bloquer maladroitement le passage alors qu'ils cherchent une position qui leur permettra à tous deux de venir en aide au sac à whisky affalé. Finalement, elle abandonne la partie et le laisse gérer la situation comme il l'entend durant quelques instants.

Évidemment, la masse musculaire de Nath étant plus proche de celle de Carter que de celle de son employé, il lui faut s'y reprendre à plusieurs fois et déployer un effort conséquent pour parvenir à déplacer le poids mort que représente Hunter. Il parvient tout de même à l'adosser au mur et le maintient tant bien que mal en position assise.
La vision est pathétique. Les cheveux de blé trop longs du gaillard sont emmêlés, sales et tombent devant ses paupières valident et cerclées de mauves. Son teint est affreusement pâle et bien entendu, il s'est allègrement bavé dessus. Mais le plus affligeant reste assurément l'auréole foncée qui macule son entrejambe. Cet imbécile s'est pissé dessus. D'ailleurs, à en croire la disposition de son corps quand ils l'ont trouvé, il en déduit que le mécanicien prévoyait un détour par le petit coin quand il a été vraisemblablement victime d'un malaise. Nath le lui fera payé d'une manière ou d'une autre. C'est tout bonnement dégueulasse.
« Carter, vous voulez bien allumer les lumières ? » questionne-t-il la brune avant quelle n'acquiesce et s'exécute, allumant les pièces environnantes à défaut de pouvoir véritablement illuminer le couloir dépourvu d'ampoule.
Pendant ce temps, il tente de faire revenir Hunter à lui avec plus de douceur que la jeune femme n'en a déployé jusque là, sans parvenir au moindre résultat.
Ce con n'a pas intérêt à d'être carrément mis dans le coma ou une bêtise de ce genre. Ça ne servirait pas son plan convenablement. Ce doit être lui le héros, pas l'ambulancier du coin...
Et au moment ou cette idée le traverse et vient l'agacer, le poids d'Hunter se déporté sur la gauche et Nath doit puiser dans ses maigres réserves pour l'empêcher de se vautrer et le maintenir droit.
« Je ne serai pas contre un peu d'aide ici ! » lance-t-il à Carter qui revient vers lui un tube de médicaments vides dans une main, une bouteille de Jack Daniels dans l'autre et l'air enfin inquiète.

Time for an intervention

« Oui, bien sur. Je veux juste me retirer un poids de la conscience et m'assurer qu'il n'est pas...en fâcheuse posture »
Et bien évidemment, il ne pouvait pas faire ça sans elle…elle avait la vague impression qu’elle n’était pas tombée sur Nathaniel par le plus grand des hasards, après tout il aurait très bien pu être là depuis un bon bout de temps en attendant un coup de main pour pénétrer chez Hunter et ainsi satisfaire sa curiosité ou jouer les héros, peu importait la raison pour dire vrai, ce qui l’embêtait et c’était une façon plutôt diminuée de le dire c‘était de se retrouver une fois de plus à allez porter assistance à son voisin quand elle s’était promis cette fois-ci qu’elle ne se laisserait pas amadouer par le fait qu’il soit paumé, seul ou dans la merde, pas après la façon dont il l’avait envoyé valser la dernière fois…Puisque ce qu’il voulait vraiment c'est qu’elle reste à distance, c’est exactement ce qu’elle avait l’intention de faire, c’est exactement ce qu’elle avait fait cette semaine mais, ça c’était avant que le garagiste ne vienne la mettre devant les faits sans vraiment lui laisser le choix…après tout qu’est-ce que cela dirait sur elle si elle tournait le dos à Hunter aujourd’hui alors qu’à peine deux semaines auparavant, elle se montrait concerné face à Nathaniel…

La jeune femme fit complète abstraction de l’odeur d’alcool et de cigarette qui imprégnait les lieux, ce n’est pas comme si, elle ne vivait pas dans quelque chose de similaire, merci au paternel…elle tâtonna pour trouver l’emplacement de l’interrupteur sur le mur, elle savait où il se trouvait mais, le manque de lumière ne lui rendait pas nécessairement la tâche facile et l’autre abruti assouvissait sa curiosité plutôt que de braquer la lumière sur elle…enfin elle finit plutôt rapidement par enclencher le bouton et la lumière se diffusa brusquement, agressive et aveuglante, elle porta sa main à ses yeux avant de balayer rapidement l’entrée du regard, il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour apercevoir le blondinet littéralement étalé sur le sol…

« Putain »
Ca commençait sérieusement à devenir une habitude…une très mauvaise habitude, elle déposa son sac dans l’entrée et se précipita vers lui d’un pas assuré, c’est pas possible son problème avec l’alcool commençait vraiment à prendre le dessus sur absolument tout le reste et c’était un sujet qu’elle commençait à maîtriser à la maison mais, surtout qui commençait sérieusement à mettre sa patience à rude épreuve, déjà qu’elle n’était pas forcément d’une constance remarquable…c’était un peu risqué. Debout à côté d’Hunter elle essaya de lui tirer une réaction en le secouant à coups de pied, rien de bien méchant mais, suffisamment fermement pour qu’il puisse les sentir.

« Hunter bouge toi, allez ouvre tes yeux »
Voyant que cette technique ne donne strictement rien, pas le moindre mouvement, pas le moindre battement de cil, ni même de son échappé de sa bouche, elle finit par s’accroupir près du corps inanimé de son ami pour le faire basculer sur le dos et le secouer un peu plus violemment.
« Abruti, qu’est-ce que t’as pris ? Hunter… » Une bonne claque, qui à son sens est plus que mérité et elle continue « Hunter !! » L’inquiétude commençait un peu à la gagner, il faut dire que toutes les autres fois, il avait réagi plutôt rapidement que ce soit par un juron ou juste un grognement mais, là il n’avait pas la moindre réaction…la voix du garagiste résonna soudainement à côté d’elle, elle en avait presque oublié sa présence, elle tourna son visage dans sa direction afin d’acquiescer d’un signe de tête, s'ils pouvaient au moins réussir à le redresser cela pourrait éviter des déconvenues, le couloir est plutôt étroit et ils éprouvent des difficultés à trouver une configuration leur permettant d’encadrer Hunter, elle finit donc par lâcher l’affaire et fait quelques pas en arrière pour le laisser prendre les choses en mains, après tout elle sait par expérience qu’elle n’a pas la carrure suffisante pour relever le poids-mort qu’évoque le mécanicien en ce moment même. Elle profite de ce moment pour filer dans la cuisine afin de voir si elle peut trouver quelque chose d’utile, non sans répondre à sa demande d’allumer les lumières auparavant. Une fois arrivée dans la pièce, elle pousse un soupir navré, le spectacle qui se déroule devant-elle est consternant, elle aurait pu tout aussi bien se trouver dans une déchetterie que cela n’aurait pas été bien différent en terme de vision…elle se fraye un chemin vers l’évier, rince un verre qui traine dans le coin et le rempli d’eau, à défaut de lui faire boire, elle lui jettera à la figure. Cette scène lui rappelle étrangement leur dernière rencontre et fait remonter de bien mauvais souvenir, cette fois-ci il n’y avait pas la moindre chance qu’elle s’abaisse à appeler Dorian, une ambulance fera tout à fait l’affaire…

Elle s’apprête à rejoindre Nathaniel lorsqu’elle aperçoit sur le sol, une bouteille de whisky entièrement vide, enfin une disons plutôt plusieurs et un tube de médicament qu’elle ne peut pas identifier, elle attrape le flacon et la bouteille mais, est interrompu dans son observation par le garagiste qui lui quémande de l’aide depuis le couloir, elle le rejoint donc rapidement…

« Je pense qu’on a un sérieux problème… » lui lance-t-elle l’air inquiète.
« Pas de réaction ? » lui demande-t-elle juste au cas où et sans attendre de réaction, elle connait la réponse et se doute bien qu’il se serait empressé de le lui dire s'il avait pu observer un quelconque mouvement de la part d’Hunter. Elle dépose donc la bouteille et le flacon sur le sol et fait signe à Nathaniel de se reculer un peu, il s’exécute sans vraiment poser de question et elle balance le contenu du verre autour duquel ses doigts sont crispés en plein sur le visage du blondinet qui prend alors une grande inspiration…il est déjà dans un état pitoyable mais, maintenant qu’il dégouline en plus, il fait plus que peine à voir, si Carter n’était pas si en colère contre lui, elle aurait probablement éprouvé de la pitié pour lui mais, ce n’était au final pas vraiment le cas actuellement.

« Hunter Pendleton, je te conseille d’ouvrir tes yeux maintenant si tu veux pas que je t’en colle une et crois moi t’a vraiment pas envie de ça… »
Elle n’avait pas la moindre idée de l’image qu’elle pouvait bien renvoyer dans l’immédiat et n’en avait honnêtement pas grand-chose à faire, Nath avait voulue de l’aide, il ne s’était sans doute pas attendu à la voir si impitoyable mais, elle avait l’expérience qu’il n’avait pas sur le sujet, maintenant c’était à son tour de jouer, elle se refusait à jouer les infirmières doucereuse et compréhensive, plus maintenant et certainement pas avec lui. Elle s’était tournée vers le brun afin de lui faire part de la suite des festivités.
« Je pense que ce serait sans doute le bon moment pour le foutre sous la douche, visiblement l’eau à l’air de le faire réagir…je vous laisse faire… » Elle ne lui avait pas demandé son avis, il avait voulu savoir, il avait voulu s’impliquer, il allait être servi.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Non, décidemment, cette gamine lui plait de plus en plus ! Elle a du culot, de la répartie d’après les échos qu’il en a eu et elle n’a pas peur de se salir les mains. Et elle n’a pas peur qu’Hunter se venge de son mauvais coup non plus apparemment, ce qu’il aurait tout à fait pu faire. Le garagiste n’aurait pas donné chair de sa peau s’il s’était mis en tête de punir l’insolent qui avait osé l’arroser.
Nath avait un souvenir assez cuisant d’une fois où il avait voulu réveiller son ivrogne de père de manière similaire, avec une carafe de limonade fraichement préparée par sa mère. Il avait fuit dans les bois la nuit entière et quand il avait osé remettre les pieds dans la maison, à une heure où elle était censé être déserte, avec la ferme intention de s’enfermer à double tour dans sa chambre il s’était rendu compte que sa porte avait tout bonnement disparu. Son père était un abruti fini dans pratiquement tous les domaines, excepté celui-ci. Quand il s’agissait de les torturer lui, son frère et sa mère, il faisait preuve d’une rare ingéniosité, on pouvait lui accorder ça ! Il s’en était tiré avec une fracture ouverte du bras, des ecchymoses et un bel œil au beurre noir. Il n’y avait eu que cette pauvre conne fouineuse de Mme Day, son institutrice, pour avoir l’audace de remettre son mensonge en question. Nathaniel avait tué son chat en représailles et elle n’avait pas mis sa menace de prévenir les autorités compétentes à exécution. Elle l’avait fait changer de classe après cet incident et avait laissé tomber ses sourires encourageants, ses regards remplis de pitié et autres compliments dénués de sens qu’elle lui servait pour lui donner confiance en lui ou une connerie du genre. Pauvre conne…
Mais heureusement pour Carter, Hunter est trop éméché pour ne faire que parvenir à garder les yeux ouverts.

« Hunter Pendleton, je te conseille d’ouvrir tes yeux maintenant si tu veux pas que je t’en colle une et crois moi t’a vraiment pas envie de ça… »
Autant parler à un mur. Le grand blond dodeline un instant de la tête et puis son menton tombe à nouveau mollement sur son torse nu et détrempé alors qu’il recommence à pencher dangereusement vers le sol. Nath le rattrape au vol, arborant une moue encore outrée.
« Je pense que ce serait sans doute le bon moment pour le foutre sous la douche, visiblement l’eau à l’air de le faire réagir…je vous laisse faire… »
« Oui c’est…hem… Ca me paraît être une idée judicieuse. Je vais… m’en occuper » fait mine de bafouiller le garagiste, feignant de n’être pas habitué à ce genre de comportement agressif.
Il réessaie d’inciter le grand blond à se redresser mais rien à faire. il va devoir se taper tout le sale boulot… Il essaye de le tirer par un bras, par les deux bras , puis de le prendre à bras le corps en le ceinturant et, après ce qui lui paraît être une éternité, la brune vient enfin à sa rescousse.
« Désolé… » grimace Nath alors qu’elle soulève les chevilles de son ami pour l’aider à atteindre la salle de bain.
Elle l’aide à l’installer dans la baignoire puis lève les bras au ciel en affichant clairement son agacement, avant de filer sans demander son reste.
« Bon…eh bien à nous deux je suppose… » chuchote Nath pour lui-même, le souffle rendu court par l’effort, ses poings sur ses hanches.
Il contemple le pathétique spectacle que lui offre Hunter pendant quelques longues secondes encore, avant de soupirer et de fermer la porte pour offrir un peu d’intimité à cette grosse loque imbibée d’alcool.

Il lui faut près de vingt bonnes minutes pour parvenir à remettre le grand blond sur pieds. Et encore, c’est un bien grand mot. Disons qu’il a au moins reprit assez conscience à présent pour changer seul de sous-vêtements, ce que Nath ne se serait jamais abaissé à faire pour lui. Le gaillard est toujours vautré par terre, en caleçon, appuyé au rebord de la baignoire, une serviette détrempée sur ses épaules pour essayer d’éponger un peu l’eau qui dégouline encore de ses cheveux clairs.
« Hm tu as soif peut-être ? »
Pas plus de réponse que précédemment.
« Tu as envie de vomir ? Encore ? »
Ca lui est arrivé deux fois déjà, ce qui les a obligé à recommencer toute sa toilette. Nath a bien faillit lui défoncer le crâne avec le pommeau de douche lorsque le second jet a jailli.
« Tu as perdu ta langue ? »
Hunter ne réagit toujours pas et se contente de fixer un point dans la pièce de son regard vitreux, éteint.
« Bon… Peut-être que tu seras plus coopératif avec Carter. Elle avait l’air inquiète tu sais. Je peux la comprendre, je suis inquiet moi aussi. Je ne dis pas ça pour te culpabiliser évidemment » s’empresse d’ajouter le garagiste, espérant que la brune n’est pas loin et ne manque rien de leur échange.
« Tu veux aller t’allonger un peu ? …Qui ne dit mot consent. Est-ce que tu peux te relever ? Tu sais que j’ai des petits soucis avec mon dos alors si tu pouvais… Non ? Bon, ok, je vais t’aider. »
Peut-être qu’il aurait mieux fait de gérer ça seul. Hunter serait lui aussi tombé dans un escalier et il aurait pu soulager ses nerfs en pelote… Mais Carter est là et il ne peut pas se permettre de cogner cet abruti fini à l’urine.
Alors à la place, il s’agenouille à ses côtés, lui sert un sourire pour pub de dentifrice et lui donner quelques tapes sur les épaules avant de faire passer son bras autour de ses épaules pour l’aider à se mettre sur ses jambes.
Cet enfoiré ne fait absolument aucun effort et pèse une tonne.

Nath parvient tout de même à le contraindre à mettre un pied devant l’autre, jusqu’à atteindre la porte qu’il ouvre avant d’héler Carter.
« Carter ? » Evidemment, elle est tout près, comme il s’y attendait. « Vous voulez bien m’aider à l’installer dans son lit ? »
Elle acquiesce et fait passer son autre bras resté ballant autour de ses propres épaules pour répartir le poids du mécanicien. Ils le laissent tomber sur le lit et, miracle, pour la première fois depuis qu'il a daigné enfiler son vêtement, le grand blond se met de lui-même en mouvement. Il leur tourne le dos.
Enfoiré d'ingrat de merde...
Nath aperçoit un plaid roulé en boule au bout du lit et le déplie pour venir couvrir la silhouette impassible de son employé, avant de se reculer, comme pour admirer le résultat. Et puis il échange un regard interrogateur avec Carter.

Time for an intervention

« Oui c’est…hem… Ca me paraît être une idée judicieuse. Je vais… m’en occuper »
La brune se redresse et se recule pour laisser le champ libre à Nathaniel, elle n’a pas la moindre envie de faire plus d’effort qu’il n’en faut, Hunter avait décidément mal choisie son jour pour se mettre dans un état pareil ou peut être avait-il un peu trop tirer sur la corde…cela n’avait plus vraiment d’importance. Perdu dans son monologue intérieur dans lequel elle pestait contre la terre entière et plus particulièrement contre son voisin, Carter aurait pu d’un point de vue extérieur sembler presque insensible et grossière de laisser Nathaniel se démener pour transporter Hunter à la salle de bain quant en réalité, elle n’était que perdue dans ses pensées. Lorsqu’elle se rendit compte qu’il éprouvait des difficultés à déplacer son employé, la jeune femme se mit en mouvement afin de lui venir en aide, attrapant les chevilles du blond et avançant comme elle le pouvait, fort heureusement ils ne sont pas très loin. Elle peine à le soulever pour qu’ils puissent le faire glisser dans la baignoire, bien évidemment dans ces circonstances-là, le motard se voit doté de réflexe et se met à gigoter, ce qui agace profondément la jeune fille qui en ce moment prendrait a peu près n’importe quoi venant de lui comme une provocation. Elle laisse le corps de son ami retombé brutalement dans la baignoire, lève les mains au ciel comme pour marquer son abandon et après avoir marmonné deux-trois trucs qu’il était préférable que personne n’entende, elle avait quitté la pièce, laissant aux deux hommes le loisirs de s’entretenir, s’insulter ou se taper dessus.

Elle se dirigea dans le salon avec dans l’idée de s’y installer pour fumer une cigarette et calmer ainsi un peu ses nerfs mais, la pièce ne se trouve malheureusement pas en meilleur état que la cuisine. « Bon dieu Hunter, c’est pas possible. » marmonne-t-elle plus pour elle qu'autre chose. Ne sachant pas vraiment quoi faire, elle entreprit de débarrasser un peu le sofa et la table de son encombrement pour pouvoir s’y installer mais, vu le chantier, Hunter serait probablement remis sur pied avant même qu’elle n’ait eu le temps de rendre une apparence décente à son salon, tant pis ça l’occupera un petit peu. Le nombre de cadavre de bouteille qu’elle récupéra la laissa vraiment interdite, même avec la meilleure volonté du monde s’était plutôt difficile de s’imaginer comment il avait pu ingurgiter tout ça, sans sombrer dans un profond coma…la jeune femme, attrapa un seau qui trainait sous l’évier de la cuisine et commença à y entasser tout ce qui avait probablement constitué la semaine d’Hunter, c’est à dire des bouteilles, des verres et des cendriers pleins a ras-bord…Elle avait beaucoup de mal a imaginé comment il allait pouvoir se sortir de ça, ce n’était pas du même acabit que ses habituelles cuites, on était passé à un tout autre niveau et personnellement elle ne savait pas ni quoi, ni comment faire pour lui faire prendre conscience qu’il fonçait droit dans le mur, tout comme elle n’arrivait pas à faire réagir son père sur le même sujet.

Elle dégagea finalement suffisamment de place pour s’asseoir un instant et fumer une cigarette, la voix de Nathaniel parvenait jusqu’à elle mais, elle était incapable de percevoir un traitre mot de ce qu’il pouvait bien raconter…chacun son tour hein, elle attrapa son téléphone qui était resté dans sa poche et y jeta un coup d’œil, rien à signaler, rien pour l’occuper un instant, elle le balança donc sans ménagement sur la table du salon, reportant toute sa concentration sur l’étiquette du flacon de médicament qu’elle avait trouvé un peu plus tôt…du chinois, rien de plus, rien de moins, jamais entendu parler et pourtant des cachetons elle en avait pris un certain nombre ces dernières années mais, celui-ci elle ne le connaissait pas du tout et n’avait donc aucune idée de ce qu’ils avaient pu provoquer chez son ami, ni où il avait bien pu se les procurer. Elle écrase alors sa cigarette dans un des cendrier encore disposer un peu partout et se dirigea vers la salle de bain afin de voir si Nathaniel connaitrait éventuellement ce type de médicament mais lorsqu’elle arrive à proximité de la salle d’eau…

« Carter ? »
« Vous voulez bien m’aider à l’installer dans son lit ? »
Dieu merci, la baraque d'Hunter n'avait pas d'étage sinon la charge aurait été bien plus pénible. « Euh oui bien sûr. » Elle glissa le flacon dans la poche arrière de son jean et attrapa le bras d’Hunter pour le passer autour de ses propres épaules, histoire de soulage un peu le garagiste, le blondinet a bien meilleur allure même si elle peut affirmer que ce n’est pas encore ça du tout, il y a au moins du progrès et il a l’air conscient…décidément ce mec à une capacité de résistance assez phénoménale malheureusement, il a bien moins de jugeote. Dommage...

Une fois étendu sur son lit, Hunter se retourne pour éviter autant que possible de leur faire face, ce qui ne l’étonne que très peu…Nathaniel quant à lui prend son rôle de sauveur très au sérieux et pousse le geste jusqu'à le couvrir avec compassion avant de lui lancer un regard interrogateur. Quoi ? Il attendait qu’elle lui dise quoi faire maintenant ? Et bien autant dire que la logique voudrait que quelqu’un reste dans le coin pour s’assurer que l’autre abruti ne s’étouffe pas dans son vomi mais, il était hors de question qu’elle se retrouve comme une conne à devoir faire une fois de plus le sale boulot.« Je pense que ca devrait aller maintenant. Je ne peux malheureusement pas rester ceci dit…» malheureusement c’est ça ouai, elle était ravie de voir une porte de sortie et préférait largement filé avant qu’Hunter ne prenne véritablement conscience de sa présence et du rôle qu’elle avait joué dans son pseudo-sauvetage, oh non elle ne lui donnerait pas le plaisir de démentir ce qu’elle lui avait lancé la semaine passée.« Mais avant, savez-vous par hasard de quel type de médicaments il s’agit ? »Elle avait extirpé le flacon de sa poche et le lui avait tendu, elle voulait juste s’assurer qu’Hunter ne risquait plus rien avant de retourner chez elle, sans cela elle ne serait probablement pas capable de penser à autre chose.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Et la voilà qui se débine. Nathaniel écarquille les yeux et espère que son air paniqué suffira à la persuader de ne rien en faire et de ne pas le laisser avec un boulet pareil sur les bras. Evidemment, le garagiste espère qu’elle interprètera ça d’une manière plus….mettons chrétienne. Il est juste anxieux à l’idée de ne pas savoir quoi faire, quoi dire, quelque chose de ce genre là.
Ceci dit, cette attitude soulève pas mal de questions qui l’intriguent un peu. Pourquoi ce soudain revirement de situation ? Il y a quelques temps, elle lui a sous-entendu qu’elle comptait le garder à l’œil et à présent, elle est prête à le laisser tomber alors qu’il a clairement sorti l’artillerie lourde en matière de SOS… Alors que s’est-il exactement passé entre eux ? La véritable question est plutôt : qu’a bien pu faire ou dire Hunter de si grave qu’elle reste actuellement insensible à son évidente détresse émotionnelle ?
Et apparemment, son expression perdue ne sert pas plus la cause d’Hunter que l’état dans lequel se trouve ce dernier.
« Mais avant, savez-vous par hasard de quel type de médicaments il s’agit ? »
Nathaniel jette un coup d’œil en direction d’Hunter qui ne bouge plus d’un poil mais garde les yeux ouverts, braqués sur le mur face à lui. Il passe une main dans ses cheveux et se rapproche de la brune pour récupérer le flacon orangé qu’elle lui tend. Il prend le temps de l’examiner, jette un nouveau regard furtif en direction d’Hunter, puis fait signe à la jeune femme de s’éloigner un peu avec lui.
« Ce que je sais, c’est que ces médicaments ne lui ont pas été prescrits. A moins qu’un gros détail de la vie d’Hunter ne m’échappe et qu’il s’appelle en réalité Ruth Greyford… » chuchote-t-il en désignant sur l’étique, le nom de la personne à qui était à l’origine prescrit le traitement. « Je ne sais pas exactement ce que c’est mais je peux passer un coup de téléphone à mon frère pour obtenir l’information. Il ne posera aucune question, rassurez-vous. »
Elle paraît peser le pour et le contre un instant et il la voit se mordiller nerveusement la lèvre en jetant à son tour un coup d’œil en direction de la silhouette parfaitement immobile du mécanicien. Nath est prêt à parier qu’il peut entendre ce qu’ils se disent, mais peu importe. Finalement, elle approuve l’idée.
« J’ai cru voir un téléphone dans la cuisine. Je reviens tout de suite » promet-il en embarquant le flacon de pilules vide et abandonnant Carter avec son ami. Ou pas.

Il essaye de ne pas lui accorder trop d’attention mais tend tout de même l’oreille pour voir si elle compte se risquer à essayer d’échanger quelques mots avec le mécanicien. Mais elle n’a pas l’air décidée à faire le moindre pas vers lui. Ca le démange de comprendre pourquoi. Est-ce qu’il a essayé de la draguer ou a au contraire repoussé ses avances ? Est-ce qu’il s’est montré irrespectueux envers elle ou la mémoire de son défunt frère ? Possible… Avec cet attardé tout est possible.
Son frère à lui décroche après quelques sonneries et Nath ne cherche pas à tourner autour du pot. Quand Clyde veut obtenir des informations, il se contente de lui dire que c’est important et son ainé n’insiste pas davantage. Il sait parfaitement qu’il ne faut pas le contrarier… Il l’a appris à ses dépends.
L’information désirée en poche, il remercie chaleureusement son frère et lui propose de venir dîner chez lui et Lucinda le lendemain, histoire de faire bonne figure devant Carter plus que parce qu’il a réellement envie de l’avoir à sa table. Encore que c’est toujours…intéressant, de les observer, lui et son épouse.

Il revient vers l’animatrice radio, un pli soucieux barrant son front, et lui fait signe de le rejoindre au milieu du couloir pour ne pas avoir à pénétrer dans la chambre où se trouve Hunter. Quand elle est à sa hauteur, il reprend la parole sur le ton de la confidence.
« Ce sont des somnifères. Assez forts d’après Clyde, et qui sont normalement fournis uniquement sur ordonnance. Je ne sais pas exactement combien en contenait ce flacon quand il est entré en sa possession ou combien il en a pris aujourd’hui, mais je crois qu’il a de la chance d’être encore capable de respirer… »
Il pousse un soupir et confie de nouveau le flacon à Carter, faisant mine d’être désireux de s’en débarrasser au plus vite. Cette fois il passe ses deux mains dans ses cheveux bruns, l’air dépassé.
« J’aurai dû m’inquiéter plus tôt. J’aurai dû m’inquiéter dès la semaine dernière, quand il a manqué le travail… J’aurai dû m’inquiéter dès que j’ai su que cette fille, cette Baby, avait quitté Grayson. Je vais être honnête avec vous, notre conversation de l’autre fois m’a fait réfléchir et j’ai demandé à notre shérif de faire des recherches sur son compte. Il n’a pas voulu me transmettre le résultat de ces recherches bien entendu, mais je suis certain qu’elle est la cause de tout ce…gâchis » soupire-t-il encore, s’adossant au mur en jetant un regard emprunt d’inquiétude en direction de la porte ouverte de la chambre d’Hunter. « Je ne vous demande pas de tout me raconter s’il s’est confié à vous à ce sujet, mais…s’il y a quoi que ce soit que je puisse faire, dite-le-moi surtout. Je ne veux pas voir quelque chose comme ça se reproduire. Que ce soit un accident ou…ou pas. Bon sang, si jamais il s’était mis à vomir alors qu'il était encore… Je ne préfère même pas y penser ! » conclu Nathaniel, les mains sur les hanches, sous le choc.

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La réaction de Nathaniel ne se fait pas attendre, oh bien évidemment il ne dit rien, il est bien trop poli pour cela mais, son regard quant à lui en dit long, suppliant et troublé. Bien sûr qu’il ne veut pas se retrouver seul face à son employé qui visiblement est bien décidé à rester enfermé dans son mutisme…grand bien lui fasse, elle n’a pas vraiment envie de l’entendre de toute façon…

Mensonge…

La raison pour laquelle elle tâche de poser son regard partout plutôt que dans la direction d’Hunter c’est parce qu’elle éprouve bien du mal à soutenir la vision de son ami, il n’y pas si longtemps de cela c’est exactement comme ça qu’elle passait ses journées, enfermée, dans le noir total, plongée dans un silence déconcertant pour ses proches, les yeux perdus dans le vide, elle connaissait parfaitement ce regard, elle l’avait porté pendant des mois, une simple réflexion d’un vide profond et dévastateur, elle avait fait abstraction totale du monde qui l’entourait, le néant valait mieux que d’affronter la cruelle vérité, que d’affronter la mort de son frère…qu’est-ce qui pouvait bien expliquer une pareil réaction de la part de son voisin, elle n’en avait pas la moindre idée, elle ne devait visiblement pas avoir toutes les cartes en main.

Nathaniel avait saisie le flacon qu’elle lui avait tendu, il le tourna dans tous les sens comme elle l’avait fait un peu plus tôt, elle l’observa en silence, les bras croisés contre sa poitrine et les doigts en mouvement régulier sur son pull, lorsqu’il reporta son attention sur elle, il lui adressa un signe l’invitant à s’éloigner un peu du blond, elle s’avança alors vers l’encadrure de la porte et l’écouta lui expliquer en somme qu’il n’en avait pas non plus la moindre idée mais, qu’à en croire le nom sur le récipient, cette prescription n’appartenait pas à Hunter. Merci Sherlock, elle n’avait peut-être pas toujours été très brillante à l’école mais, elle savait lire…elle ne dit cependant rien, se contentant d’acquiescer d’un signe de tête et de lui adresser un mince sourire, la suite l’intéressa tout de suite nettement plus. « Je ne sais pas exactement ce que c’est mais je peux passer un coup de téléphone à mon frère pour obtenir l’information. Il ne posera aucune question, rassurez-vous. » Il proposait de contacter son frère Clyde, elle ne le connaissait pas vraiment. Elle hésita un moment, se mordant nerveusement la lèvre inférieure, son regard ne cessant de courir en direction d’Hunter puis finalement tout de même plus concerné par la santé du mécano que par les questions qui pourraient être soulevés, elle lui donna son accord pour qu’il passe ce coup de téléphone, tachant de se persuader qu’avec un peu de chance il n’apposerait effectivement aucune résistance à leur donner l’information. Il pris la direction de la cuisine et elle se ré-avança dans la chambre ou le silence était profondément installé.

Elle hésita à dire quelque chose mais, les seules répliques qui lui venaient en tête n’était que provocation inutile, elle n’avait pas vraiment de choses agréables à dire et était de toute les façons consciente que ce n’est pas ce qu’il attendait d’elle, ni de personne…elle ne savait que trop bien que la seule chose qu’il espérait en cet instant était d’être consumé par le silence et la solitude…était-elle prête à le laisser traverser ça sachant à quel point cela ne lui apporterait rien de bon ? Non évidemment, comment pourrait-elle le faire en toute connaissance de cause ? Malgré cela, elle ne tente rien, pas un mot, pas un geste vers lui. Problème d’égo ou mauvais choix de moment, elle même ne saurait le dire avec exactitude et de toute façon, Nathaniel le sauveur se montre de nouveau, l’invitant à le rejoindre dans le couloir pour lui donner sans doute les réponses qu’elle attendait.« […] mais je crois qu’il a de la chance d’être encore capable de respirer… »

Elle sentie une colère intense et sourde monter au creux de ses tripes, ce petit con en était vraiment arrivé à ça ? Du whisky et des somnifères ? Il valait mieux pour lui que ce soit un banal accident parce que s'il avait vraiment attenté à sa vie, elle ne lui pardonnerait probablement pas…pas après avoir dû dire au revoir à tant de personnes dans sa vie, difficile de dire qui de Carter ou d’Hunter était le plus égoïste à présent…La jeune femme tâcha comme elle le put de ne rien laisser paraître à son interlocuteur, elle ne connaissait que très peu Nathaniel après tout et ne souhaitait pas se montrer vulnérable devant lui surtout quand lui affichait des difficultés à garder son calme.
« Je pense que…que enfin au vu de son état, le plus dur est sans doute passé, physiquement en tout cas… » Ce qu’elle avait en réalité envie de faire, c’est de se diriger droit dans la chambre et d’insulter Hunter de tout son soule, de lui mettre son poing dans la figure et de le secouer jusqu’à ce qu’il réagisse enfin. Il pourrait sans aucun doute remercier son patron dans un avenir proche, non seulement il avait eu la présence d’esprit de venir s’inquiéter de son sort mais, sa présence empêchait la jeune femme d’aller lui botter le cul comme jamais auparavant car nul doute que si le garagiste n’avait pas été là, elle serait déjà en train de remuer le blondinet et d’évacuer toute son incompréhension sur lui mais, en lieu et place de cela, elle faisait face, écoutant le brun se lamenter sur ce qu’il n’avait pas su voir, ce qu’il n’avait pas fait, sans vraiment comprendre qu’il était tout à fait impossible de prévoir le comportement d’Hunter…

Ce qui suivi, elle ne l’avait à contrario pas vraiment vu venir et n’était donc pas réellement concentré sur ce qu’il disait, le prénom de Baby relança cependant bien rapidement son intérêt pour la conversation…ainsi elle avait quitté la ville, Carter se demanda si cela s’était produit avant ou après qu’elle ait mis son ami en garde contre elle, s'il en était la cause où si elle avait juste terminer ce qu’elle était venue faire à Grayson. Les détails de leur dernière conversation, enfin rencontre devrait-elle plutôt dire lui revint soudainement en mémoire…tout les trucs bizarres qu’il avait laissé échapper et qu’elle n’avait sur le coup pas compris prenait un tout autre sens à présent. Il avait dit quelque chose comme baby pensait la trouver ici…cela n’était pas plus claire aujourd’hui mais, en tous les cas cela lui donnait une bonne indication sur le fait que la gamine n’avait pas atterrie là par le plus grand des hasard, cela ajouté à ce que lui disait Nathaniel ne la rendait que bien plus suspicieuse. Elle ne cautionnait pas pour autant le fait d’alerter le shérif, cela lui semblait un peu déplacé et surtout extrême, d’autant qu’au final cela ne le regardait pas vraiment, pas plus qu’elle d’ailleurs mais, Carter étant Carter, elle estimait avoir le droit de s’interroger. Ne l’avait-elle pas gagné après tout ? Il finit enfin par en venir au faite, lui demandant à son tour si elle avait des informations plus poussés à partager, choses qu’elle n’avait pas, mise à part cette petite phrase qu’Hunter avait glissé lorsqu’il était dans un état plus que second mais, cette information là ne lui semblait pas valoir grand-chose aussi elle la laissa aux oubliettes.

« Vous ne devriez pas vous sentir responsable Nathaniel… » Nan si quelqu’un devait se reprocher quelque chose c’était sans doute elle, après tout, elle avait volontairement fermé les yeux sur l’absence d’Hunter, sur le manque d’activité en provenance de chez lui et sur son silence…parce qu’elle ne voulait pas lui donner le plaisir de lui courir une fois de plus après… «…personne ne pouvait prévoir un truc pareil…peu importe ce que c’est… » Elle laissa échapper un soupire avant de détourner le regard vers la chambre, ce qui en soit était totalement inutile puisque sa position ne lui permettait pas d’apercevoir son voisin. « Vous avez parlé de ça au shérif ? Je ne suis pas vraiment sûr que cela était nécessaire, je veux dire ce n’est probablement qu’une gamine qui a voulu se rendre intéressante en s’inventant une vie…enfin je n’en sais rien c’est vrai, je peux comprendre que vous pensiez bien faire…et malheureusement je n’ai pas beaucoup plus à vous dire, j’ai bien essayé d’en parler avec lui mais, sans succès et pour faire court, nous sommes un peu en froid depuis quelques jours…longue histoire, pas vraiment intéressante » Elle n’avait pas la moindre intention de rentrer dans les détails, il devrait se contenter de ça. « Il y a bien quelque chose que vous pouvez faire…si l’on pouvait faire en sorte que cette sordide histoire ne sorte pas d’ici, je pense que ce serait dans le meilleur intérêt d’Hunter… » Elle s’appuya à son tour contre le mur mais, celui qui lui était opposé.
« Je présume qu’il ne nous reste plus qu’à nous assurer qu’il passera la nuit et virer tout ce qui pourrait lui permettre de remettre ça demain… »

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Evidemment qu’il n’a pas à se sentir responsable, mais c’est rudement aimable à elle de rentrer dans son jeu et de le lui signaler de cette manière. Bon, elle aurait pu faire preuve d’encore un peu plus d’empathie, mais apparemment, elle est de mauvaise humeur et il va devoir se contenter de cet air un peu renfrogné que Carter lui offre actuellement.
Il aimerait bien lui claironner à l’oreille qu’au contraire, au moins deux personnes auraient pu prévoir que les choses termineraient ainsi, si ce n’est plus. Lui tout d’abord, était pleinement au courant des conséquences que la venue de la fille d’Helen à Grayson pourrait avoir sur son employé. Il avait été le premier a avoir eu des soupçons sur cette sale petite allumeuse qui n’avait rien à envier à sa poufiasse de génitrice en matière de manipulation. Et puis il y avait ce bon vieux shérif Hickoks qui, pour sa part, n’avait pas compris pourquoi ce débarquement texan l’avait tant fait tiquer. Abruti…
Mais il ne peut pas raconter ça à la brune qui lui fait face pour des raisons évidentes. Et d’ailleurs, elle a l’air de se placer elle aussi du côté du shérif. Innocents petits trous du cul dénués de malice et incapable de voir plus loin que le bout de leur nez. Misérables cons. C’est à cause d’eux qu’il est lui-même obligé de toujours garder une vision d’ensemble et n’a jamais droit à un instant de répit. Il doit garder le troupeau, seul, envers et contre tous. Et certains se permettent de remettre en doute son intégrité en prime !

« Vous avez parlé de ça au shérif ? Je ne suis pas vraiment sûr que cela était nécessaire, je veux dire ce n’est probablement qu’une gamine qui a voulu se rendre intéressante en s’inventant une vie…enfin je n’en sais rien c’est vrai, je peux comprendre que vous pensiez bien faire…et malheureusement je n’ai pas beaucoup plus à vous dire, j’ai bien essayé d’en parler avec lui mais, sans succès et pour faire court, nous sommes un peu en froid depuis quelques jours…longue histoire, pas vraiment intéressante. »
« Je vois… »
« Il y a bien quelque chose que vous pouvez faire…si l’on pouvait faire en sorte que cette sordide histoire ne sorte pas d’ici, je pense que ce serait dans le meilleur intérêt d’Hunter… »
« Oh, oui ! Evidemment ! J’veux dire… Je ne comptais en aucun cas alimenter les ragots avec cette "sordide histoire" comme vous le dîtes. C’est un des aspects de notre communauté que je trouve un peu regrettable à vrai dire… Cette facilité à juger et condamner sur la seul base de rumeurs et on dit. Enfin soyez tranquille, je serai une tombe » assure-t-il en veillant à prendre un ton un peu théâtrale, histoire de lui prouver qu’il veut vraiment bien faire et qu’il n’est pas très doué quand il s’agit de s’affirmer.
Il n’est que l’humble garagiste sans histoire (ou presque) du coin après tout. Elle doit penser que cette aventure est la plus trépidante qu’il ait vécu depuis sa nuit de noce… Il vient de vivre son grand moment !
« Si j’ai parlé de cette fille au shérif, ce n’était pas pour faire des histoires ou quoi que ce soit de ce genre, c’est juste que… J'ai un souvenir assez... Non, laissez tomber, vous avez sans doute raison, c’était un peu exagéré de ma part. J’ai fait preuve d’excès de prudence, comme c’est souvent le cas. De toute manière, le shérif n’a rien voulu me dire sur son compte. Mis à part qu’elle s’appelait bel et bien Baby Stewart et que le prénom qu’elle m’avait donné était en fait son second prénom. Donc elle ne m’avait pas vraiment mentit comme je l'avais d'abord pensé… » avoue-t-il, histoire de prouver sa bonne foi.

La jeune femme vient s’appuyer contre le mur en face de lui et reprend finalement la parole.
« Je présume qu’il ne nous reste plus qu’à nous assurer qu’il passera la nuit et virer tout ce qui pourrait lui permettre de remettre ça demain… »
« Je présume oui… Malheureusement… » commence-t-il en esquissant un petit sourire navré, le regard déjà un peu fuyant. « C’est à dire que même si j’avais un mauvais pressentiment, je pensais qu’il était simplement grippé ou quelque chose de ce genre et mon épouse et moi avons ce dîner de prévu avec les Carpenter alors… Je peux rester encore un petit moment pour vous aider à mettre de l’ordre et remporter les bouteilles pleines qu’il lui reste, si tel est le cas, mais je vais devoir… Enfin si vraiment vous êtes très occupée aussi, je pourrai m’arranger ! Je pense que Lucinda comprendra mais… Enfin je ne vois pas trop quelle excuse lui donner exactement. Elle est assez pragmatique et elle doit sûrement avoir passé l’après-midi à cuisiner alors elle voudra une excuse solide et… Oh bien sûr je fais confiance à mon épouse, elle sait garder un secret mais… Enfin vous comprenez…? »
Je n’ai pas que ça à foutre, pour faire court, ma bichette !

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Quelque chose la dérangeait prodigieusement chez lui, était-ce ses manières, sa façon de s’exprimer, son goût pour les apparences, elle n’aurait su précisément le dire mais, cela ne datait pas d’hier, il lui avait toujours laissé une impression étrange, il faisait partie de ces gens qui sont bien trop parfaits en apparence, de ceux qui selon elle cache les pires vices et ce soir ne fait pas exception il est trop compréhensif, trop impliquer, trop…trop… Elle ne dira rien, ne laissera pas paraître ses idées qui de toute façon ne sont pas celles sur lesquelles elle va devoir se concentrer…pas avec un Hunter complètement apathique juste à côté. Non bien évidemment qu’il ne comptait pas alimenter les ragots, Saint Nathaniel ne ferait pas une chose pareille, qui plus est ce serait sans doute une publicité dont il se passerait bien aussi elle ne mettra pas sa parole en doute sur ce sujet précisément, quant au faite qu’il regrette le lot de commérage qui se jouait à chaque coin de rue, elle avait bien envie de le croire, elle même trouvait ça plutôt affligeant, les gens étaient et avaient toujours été friand de ragots mais, cela devenait assez pénible quand on en devenait le sujet et sur ce point, elle pouvait dire avec certitude que pas mal de gens aimait à supposer sur son épouse…de sa frigidité, à son goût pour les plaisirs borderline, en passant par son incapacité à tomber enceinte, elle en avait entendu pas mal sur cette chère Lucinda…les avaient-ils lui aussi entendu ? Etait-ce la raison pour laquelle il n’appréciait que très peu ce que les gens pouvaient bien dire à voix basse ? Elle hocha ainsi la tête lorsqu’il lui affirma que ceci resterait entre eux.
« Vous ne croyez pas si bien dire…mais, que peut-on faire contre le passe-temps favoris de nos chères concitoyens. » Il lui adressa un sourire marqué, oui il allait probablement rentrer en courant pour raconter à sa chère épouse comme sa journée s’est révélé pleine de rebondissements pour changer. Enfin elle présumait beaucoup quand en réalité elle ne connaissait rien sur lui, elle se réprimanda un peu mentalement, elle détestait qu’on la juge de cette façon, alors elle devrait sans doute s’abstenir elle-même.

Carter se rend compte qu’elle s’est peut être mal exprimé ou tout du moins pas sur le ton qui convenait quand elle du écouter le garagiste se justifier d’avoir été parler au shérif, en même temps c’était vraiment une idée étrange, courait-il voir cet empoté d’Hickok dès que quelques chose ne lui semblait pas à sa place ? Ah non si il y avait bien une chose qu’elle détestait c’était bien les gens qui commençait leurs phrases pour ne pas les finir…une pointe d’agacement se fit sans doute sentir de sa part, elle pouvait bien faire jouer les apparences mais, jamais sans aucune faille apparente. « Non, je vous en pris continuer…vous parliez d’un souvenir ? Je serai bien la dernière à vous reprocher de vous être montré méfiant envers cette… » elle allait dire trainer mais, elle se ravisa et employa un mot un peu plus convenable. « fille ! Elle nous a donné de quoi nous interroger après tout. Peut être nous sommes-nous juste un peu emporté, néanmoins si Hickok revient vers vous, je serai bien curieuse d’en savoir tout de même plus, enfin si il y a quelque chose à savoir cela va sans dire. » Carter s’était un tant soit peu laissé choir contre le mur, un pied relevé pour asseoir son équilibre, elle sortie de sa poche son paquet de cigarette et en glissa une entre ses lèvres, tendant son paquet à Nathaniel par politesse. Il refusa son offre des plus poliment, elle le replaça donc à sa place initiale et alluma sa clope, prenant la peine de souffler la fumée dans la direction opposée à son interlocuteur, il était en train d’acquiescer ce qu’elle venait de dire non sans émettre un petit bémol, évidemment bobonne l’attendait à la maison pour leur petit dîner mondain, c’était exactement l’image qu’elle se faisait de Madison Street, cette rue pleine de jolies maisons où se déroulait des scènes typiques de famille sans problème. Gerbant. C’est pour ça qu’elle n’avait jamais aimé se rendre chez Dorian, elle se sentait beaucoup plus à l’aise dans son coin, ici les gens avaient tous les mêmes baraques un peu branlantes pour la plupart mais, au moins personne ne vous reprocherait de ne pas avoir assez entretenue votre jardin où d’avoir laissé votre chien pisser dans le caniveau. Putain c’était bien sa veine, à chaque fois c’était la même chose, c’était à elle de se taper les corvées, ce n’est pas comme si c’était lui qui était venu la trouver et lui qui l’avait plus ou moins traîné ici, elle aussi avait d’autres choses de prévus mais, comme elle avait bien du mal à imaginer Nathaniel pouvoir gérer les états d’âmes et les insultes d’Hunter elle allait comme d’habitude laisser ses plans de côté pour s’occuper de lui.

« Je comprend, ne vous en faite pas, je vais m’en occuper, ce n’est pas comme ci je n’avais pas l’habitude de gérer cet énergumène, rentrez donc trouver votre épouse, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de l’embêter avec cette histoire, l’état grippale fera parfaitement l’affaire. » Elle espérait que ses sous-entendues étaient assez clairs, en gros mon petit ferme la et laisse ta femme avoir pour seule préoccupation de savoir si elle a bien cuit son rôtie et si ses invités l’apprécieront, il serait presque indécent de pousser Lucinda à se rendre compte que le monde n’était pas aussi parfait que son petit intérieur.

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« Vous serez la première vers qui je me tournerai » affirme le garagiste lorsqu’elle évoque la requête de le prévenir si Hickok revient vers lui avec des informations sur Baby. Ce sale petit connard présomptueux s’est mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude et Nath serait bien tenté de venir fanfaronner sous sa fenêtre, mais ça gâcherait l’effet de surprise, si jamais Hunter venait à apprendre que ce bon vieux shérif était au courant depuis le départ. Oh bien sûr, il y a une chance que ça se retourne contre lui, qu’Hickok balance qu’à la base, c’est lui qui a réclamé des recherches. Mais Nathaniel ne s’en est pas caché, là est la différence. Il n’aura plus qu’à nier avoir été mis au courant des comptes rendus de la petite recherche du shérif et qui pourra remettre sa parole en doute ? Ni William ni Joan n’étaient présents quand il est venu trouver Hippolyte. Ce sera sa parole contre la sienne et il est Nathaniel Redd. On sait qui est son père, on sait d’où il vient et il sert la communauté depuis assez longtemps pour s’être attiré la confiance de ses concitoyens.
Ceci dit, il doute que l’histoire fasse beaucoup de bruit et que la ville en vienne à se déchirer pour Hunter. Ce dernier en revanche, sera certainement plus remonté contre son vieil ami que contre son patron. Quant à Carter, Nath a l’impression d’avoir fait son maximum avec elle et de s’être montré suffisamment convainquant pour qu’au mieux, elle ne veuille pas se prononcer sur la question de son innocence si elle venait à se poser…
Mais le propriétaire du garage de Grayson est confiant. Il a joué son rôle d’ami, d’employeur concerné. Il est là alors que le shérif se la coule douce chez lui. C’est tout ce qui sera retenu.
« Quant au souvenir que j’évoquais… Disons que c’est un peu délicat… J’étais à peine plus âgé qu’Hunter quand…enfin quand sa mère a été…publiquement répudiée est le seul terme qui me vienne et je crois qu’il est approprié » explique-t-il en baissant encore d’un ton, jetant un regard craintif du côté de la porte, pour être certain que le grand blond ne l’entende pas bavasser sur sa génitrice. « Ca a été…la scène la plus violente qu’il m’ait été donnée de voir. Je m’en souviens encore parfaitement aujourd’hui, plus de vingt ans après, c’est dire. »
Et c’est vrai, il revoit se jouer la scène avec une précision redoutable.
Sauf que cette scène ne l’a pas traumatisé ou effaré comme il va le faire croire à Carter à cet instant, de par son ton et son expression.

C’est ce moment qui l’a vraiment convaincu que Grayson était et serait à jamais son foyer. Aujourd’hui, il lui arrive encore par moments de fermer les yeux par plaisir dans le but de revoir les visages grimaçants de haine, pour entendre les hurlements enragés d’Helen, trainée par les cheveux par un de ses voisins.
Il a vu les coups pleuvoir sur elle pendant qu’elle tentait de mordre, de griffer, qu’elle frappait désespérément le vide en s’époumonant. Une truie que l’on égorge. C’est comme ça qu’il l’avait vue. Comme un animal qu’on emmène à l’abattoir et qui l’a bien compris. On lui avait craché dessus, on l’avait molestée, insultée et cette pute en avait redemandé, les provoquant et beuglant comme une vieille salope pendant que son fils chéri l’imitait depuis l’intérieur de la baraque.
Son propre père avait déchiré le teeshirt d’Helen et révélé un de ses seins dans la bataille. Du haut de ses dix ans, ça lui avait fichu une trique d’enfer. Ca les avait tous terriblement excités en fait…
Les femmes ceci dit, avaient pris un peu de recule à ce moment et c’est là que Madame Pietski avait remarqué sa présence, au bout de la rue, perché sur sa selle. Elle avait essayé de le chasser mais Nath s’était attardé encore un peu, jusqu’à ce que son père fasse mine de charger vers lui. Ca l’avait fait s’éloigner, pas disparaitre. Il s’était planqué derrière une haie et avait continué d’observer le spectacle qui s’offrait à lui. Un spectacle d’un rare ravissement.
Il avait alors vu le shérif Spelling faire grimper la poufiasse de force à l’arrière de sa voiture de fonction. Il lui avait certainement cassé deux ou trois doigts en cognant sur sa main avec sa matraque pour l’empêcher de s’accrocher à la barrière entourant la maison de son enfance. Du moins, c’est comme ça que Nathaniel avait analysé le genre de ululement déchirant qu’elle avait poussé juste à cet instant. Et puis la voiture avait démarré avec quelques hommes à son bord et, depuis sa cachette, le gamin qu’il était avait vu les habitants s’entreregarder avec gêne et finir par s’éparpiller sans un mot. Madame Pietski était entrée chez les Pendleton avec le couple Ferguson et puis Nath s’était mis en tête de rattraper la voiture du shérif avec son vélo. Mais il n’en avait pas été capable.
Il se plait à imaginer que son père, le shérif et Monsieur Pryde l’ont violée ce jour là avant de la lâcher, avec son sein à l’air, au milieu de nul part. Pendant longtemps, Nath a même été jusqu’à espérer qu’ils l’aient tuée après, ou pendant le viol, avant de se débarrasser de son corps dans les bois. Aujourd’hui, Baby lui prouve que ce fantasme n’était que ça et, ça l’a un peu contrarié, Nath doit le reconnaitre.

« Après ça, ma mère nous a toujours obligés, Clyde et moi, à nous montrer gentils et protecteurs envers Hunter. Je suppose que c’est pour ça que j’ai accepté de lui donner du travail et de le former et que je ne peux m’empêcher de veiller sur lui de loin… » confie Nathaniel d’un ton adouci, emprunt d’une évidente nostalgie pour son parent décédé. Il marque une courte pause avant de reprendre, son regard à nouveau braqué dans celui de Carter. « Toujours est-il que j’ai gardé cette image affreuse de son départ forcé en tête et Helen avait juré de revenir récupérer son garçon d’une manière ou d’une autre alors… Enfin quand cette fille a montré un tel intérêt pour Hunter, je me suis posé des questions. Je me suis dis qu’Helen l’avait peut-être engagée, qu’elle était un genre de détective privé... Comme je vous l’ai dis, j’ai beaucoup extrapolé. De toute manière, elle a mis les voiles maintenant. Et puis peut-être que son départ ou sa présence n’ont rien à voir avec tout ça. Et peut-être que si. Peut-être que s’il est dans cet état aujourd’hui, c’est réellement parce qu’il avait un ami quelque part, qui avait une sœur et qui est décédé récemment. Peut-être que l’histoire lui donne simplement l’effet de trop se répéter et… »
Et Nath se tait, feignant de réaliser qu’il s’adresse justement à celle de Matt, le meilleur ami d’Hunter, décédé en août dernier. Comment oublier ?
« Enfin nous en seront peut-être plus quand il se décidera à parler. Mais si j’en apprends plus sur le compte de Baby, je saurai où vous trouver. »

Il pousse un lourd soupir, sa main à nouveau passer dans ses cheveux bruns.
« Si vous le permettez, je vais remettre un peu d’ordre ici avant de rentrer chez moi. Le temps de me…remettre un peu de mes émotions. Je vous laisse retourner auprès d’Hunter. Je connais le chemin de la sortie. Oh et si jamais quoi que ce soit se passait, n’hésitez pas à me contacter. Merci encore. D’être venue et de rester avec lui ce soir. Surtout si vous êtes en froids. Mais je pense que ça signifiera beaucoup pour lui... Même s'il n'ne donne pas l'impression, il doit certainement apprécier tous vos efforts. Moi en tout cas, je les apprécie grandement. Vous êtes une chic fille Hadley » lui sourit-il avant de lui donner une rapide tape sur l’épaule, pour la forme, évidemment maladroite pour coller au personnage.
Et puis il s’éloigne déjà, la plantant avec de quoi ruminer dans le couloir.

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Il lui affirme qu’il n’hésitera pas à revenir vers elle s'il devait se trouver en possession de plus d’information, une partie d’elle-même espérait que cette histoire tournerait court et qu’on oublierais bien vite jusqu’à l’existence même de cette Baby pour la santé d’Hunter mais, d’un autre côté, elle trouvait cette histoire tellement étrange que la curiosité lui rongeait l’esprit, pourquoi venir ? Pourquoi mentir et surtout pourquoi Hunter ? Trop de questions et bien trop peu de réponses à son goût…c’était un peu trop récurrent ces derniers temps et la frustrait beaucoup, elle devait le reconnaître.

« Quant au souvenir que j’évoquais… Disons que c’est un peu délicat… J’étais à peine plus âgé qu’Hunter quand…enfin quand sa mère a été…publiquement répudiée est le seul terme qui me vienne et je crois qu’il est approprié » Elle avait entendu des tas de choses sur Helen, sur son histoire et sur celle d’Hunter, chaque version était différente selon la personne qui la racontait, aussi il était assez compliqué de savoir ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas et ce n’est pas vraiment un sujet sur lequel son voisin s’étendait régulièrement, à dire vrai il était probablement la seule personne en ville à ne jamais en parler, si bien évidemment, Carter faisait abstraction de son baragouinage habituel lorsqu’il avait trois grammes dans chaque bras. Lorsque la mère d’Hunter avait mis les voiles si l’on puis dire puisque visiblement elle ne l’avait pas fait de son propre chef, Carter n’était même pas encore de ce monde aussi il était relativement compliqué pour elle de déterminer le fin mot de cette histoire, elle écouta donc attentivement la petite histoire que lui raconta Nathaniel, une petite histoire exonéré de détails ou d’images qui se pourraient parlantes pour la jeune femme mais, elle comprenait néanmoins où il voulait en venir, elle ne pouvait qu’imaginer la difficulté de la situation et pour Helen et pour Hunter mais, c’était surtout de son point de vue à lui qu’elle se plaçait parce que même si le départ de sa propre mère n’était pas du tout du même acabit, la douleur n’en était pas moindre, ni même le traumatisme. Elle n’avait que six ans à l’époque et pourtant elle se souvenait comme si c’était hier de la dernière fois qu’elle l’avait vu…

C’était un matin similaire à tous les autres, sa mère l’avait réveillé et lui avait servie son petit déjeuner en lui faisant réciter sa dernière leçon, la petite fille était ensuite partie se préparer pour l’école, sa mère l’avait rejoint et lui avait brossé les cheveux en lui assurant qu’elle était jolie, elle l’avait ensuite conduit à l’école, avait déposé un baiser sur son front et avait repris la direction de leur maison…la seule différence avec les autres jours était que lorsque la petite fille était sortie de l’école, personne ne l’attendait…alors elle avait emprunté le chemin habituel pour rentrer toute seule, elle se souvenait de ce sentiment tout particulier entre la déception que sa mère l’ai oublié et la fierté de pouvoir comme son frère rentrer seule mais, ce sentiment n’avait guère duré très longtemps car c’était une maison vide et silencieuse qui l’attendait…Ils n’avaient pas eu à la chercher, pas eu à se questionner sur l’endroit où elle se trouvait, une lettre, une courte lettre qui jamais ne fut suffisante expliquait le pourquoi de cet abandon aussi soudain qu’inconcevable…une lettre que son frère avait mis en pièce ce soir là…une lettre dont ils n’avaient plus jamais reparlé. Elle ne savait que trop bien ce qu’un abandon pouvait provoquer, quelle blessure cela laissait. La théorie du garagiste était digne d’une mauvaise fiction mais, cela n’était pas pour autant dénué de sens, bien qu’elle imagine mal Baby être venue enquêter sur Hunter vu le comportement et la façon dont elle s’était introduite dans sa vie, qui plus est si elle avait été un détective, il était inutile de préciser qu’elle n’était pas très bonne dans ce qu’elle faisait…
« Peut-être que s’il est dans cet état aujourd’hui, c’est réellement parce qu’il avait un ami quelque part, qui avait une sœur et qui est décédé récemment. Peut-être que l’histoire lui donne simplement l’effet de trop se répéter et… »
Cette pause, la réalisation de ce qu’il était en train de dire ou plutôt à qui il était en train de le dire, ne fit que mettre un peu plus en avant les propos qu’il tenait, elle ne s’en formalisa cependant pas, les gens faisait ca constamment, il mentionnait son défunt frère et s’arrêtait brusquement, imaginant sans doute qu’elle allait disparaître instantanément sous le poids du chagrin, ils ne pouvaient pas avoir plus tort, ne comprendrait-ils jamais que la dernière chose qu’elle souhaitait était que la mémoire de son frère disparaisse sous les non-dits ? La petite brune lui adressa un sourire qui se voulait engageant, comme pour lui dire qu’il pouvait continuer, de toute façon elle n’avait jamais cru à cette histoire et était intimement persuadée que ce n’était qu’un tissu de mensonge.

« C’est effectivement une histoire assez difficiles néanmoins ce serait un peu rocambolesque pour un village sans histoire comme Grayson, enfin nous ne sommes à l’abri de rien après tout, il suffit de se pencher cinq minutes sur le mystère qui entoure ce couple disparus… » Pendant un instant elle cru voir passer un éclair de contentement sur les traits de Nathaniel mais, elle chassa rapidement cette idée, se disant que la fatigue ne jouait pas en sa faveur ce soir. Une seconde après, elle l’avait déjà complètement oublié. « Quant à ce pseudo-ami, je reste persuadé que ce n’était qu’une histoire montée de toute pièce, je ne sais pas peut-être que mon instinct se joue de moi mais…enfin je tâcherais d’échanger quelques mots avec Hunter dès qu’il sera en mesure de parler… »

Leur échange se terminera donc ainsi, tout dans son attitude indique qu’il souhaite prendre la poudre d’escampette et son discours ne fait que le confirmer, aussi elle acquiesce lorsqu’il propose de mettre un peu d’ordre et de partir rejoindre son épouse.
« Je n’y manquerais pas…merci à vous je suppose d’avoir eu la présence d’esprit de venir jeter un œil sur lui. » Elle laissa échapper un gloussement lorsqu’il lui dit que cela signifierai sans doute beaucoup pour son voisin, oui mais, non c’était bien mal le connaître, ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’elle le ramassait et ce n’était pas ça qui rendait Hunter plus reconnaissant ou conciliant ou en tous les cas démonstratif. « Ne vous en faite pas, je n’attends pas plus de reconnaissance aujourd’hui, qu’hier…merci c’est très gentil…Bonne soirée Nathaniel » Elle n’aimait pas beaucoup les compliments il faut dire, en partie parce qu’elle ne savait jamais comment y répondre, un merci sonnait un peu prétentieux, un retour de compliment bien hypocrite et un sourire un peu trop léger…heureusement il s’en était contenté et tournait déjà les talons.

Elle se retrouva donc planté là dans le couloir avec pour seule perspective de devoir baby-sitter Hunter pour la énième fois ce mois-ci et ce n’était pas vraiment le plan le plus excitant du monde, elle poussa un soupir et pénétra dans la chambre qui était toujours plongée dans le noir, seul la lumière du couloir laissait pénétrer un peu de clarté dans la pièce, lui permettant de voir qu’Hunter était toujours éveillé et fixait toujours le mur de son regard vide. Elle s’appuya contre la commode face au lit mais, il ne bougea pas d’un millimètre, elle resta donc là, immobile, à l’observer en silence, elle n’avait pas envie de batailler avec lui, il avait l’air de porter tout le malheur du monde sur ses épaules et lui faisait vraiment de la peine…elle commençait presque à regretter le Hunter bourru et désagréable…

« Je vais pas t’obliger à parler…ni à te lever ou te reprendre en main Hunter, j’ai finie de jouer à ce petit jeu là avec toi. J’sais que je suis la dernière personne que t’as envie de voir trainer chez toi et je le comprends, j’aurais pas dû forcer les choses, j’aurai dû faire avec le fait que t’avais juste envie que je reste loin de toi dès le départ mais, il faut que toi aussi tu comprennes une chose, alors je vais le dire maintenant et ensuite je te laisserai tranquille…. » Elle n’avait pas vraiment prévu de lui faire un laïus ou même de lui parler, elle n’était pas venue pour ça, elle n’y avait pas non plus réfléchie mais, les mots avaient fait leurs chemins tout seuls…
« Contrairement à ce que tu peux croire Hunter, je suis sans doute la seule personne qui puisse te comprendre, parce que toi et moi on est pas si différents que ça, je sais ce que c’est de se retrouver seul d’accord, je sais ce qu’on ressent face à l’abandon, je sais à quel point ça fait mal de perdre les gens auxquels on tient et je sais ce que c’est d’enchainer les emmerdes…La seule différence entre toi et moi, c’est que moi j’ai pas choisi la bouteille pour faire disparaître tout ça…ce que tu es en train de faire là [… ] crois-moi ça te fera pas te sentir mieux, au contraire ça rendra tout plus difficile, j’connais que trop bien ce regard parce que tu vois je l’ai porté pendant des mois et si tu te laisses partir là-dedans tu feras pas disparaître ce qui te pèse c’est toi que tu vas faire disparaitre…. » Le souvenirs de ces mois enfermé chez elle lui revenait en mémoire, cette période elle l’avait passée à ressasser encore et encore tout ce qu’elle avait eu à enduré toute sa courte vie, cela n’avait été qu’un cercle vicieux dont elle n’arrivait plus à sortir, elle y était finalement parvenue mais à quel prix…

« Si jamais tu veux en parler demain, dans six mois ou dans un an, tu sais où me trouver…» Comme elle lui avait promis, elle n’en dit pas plus…elle n’avais pas plus à en dire, il n’y avais que lui qui pouvait choisir de ne pas choisir la facilité. Elle poussa un soupir avant de se redresser pour regagner le salon devenu silencieux, elle avait signé pour s’assurer qu’il passerait la nuit, pas pour le regarder s’autodétruire lentement.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

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Hunter les entend sans pour autant les écouter. Il se doute qu’il est au centre de leur échange mais ce qu’ils disent ne l’intéresse pas le moins du monde. Ils doivent être en train de critiquer son comportement. Carter le trouve probablement très égoïste (ce qu’il est effectivement) et Nathaniel doit… Eh bien pour Nath à vrai dire, il n’en sait foutrement rien et s’en tamponne pas mal.
Il calcule le temps qui s’écoule entre chaque seconde qui passe. C’est interminable. Les journées lui donnent l’impression de s’être rallongées, même si le soleil tente de lui prouver l’inverse. Il a essayé de dormir pour tuer tout ce temps qui lui semble en trop sur sa journée, mais ça n’a pas changé grand chose à la sensation qu’il éprouve. Il a failli demander à Nath quelle heure il était exactement, quel jour ils étaient, savoir combien de temps sa dernière cuite l’avait occupé, et puis il a renoncé. Qu’est-ce que ça peut foutre de toute manière ? Les heures, les dates, c’est des inventions qui servent juste à l’exploitation. Savoir qu’ils sont mardi ou jeudi ne changera pas son impression, il restera encore tout un tas d’autres jours à venir, un tas d’heures à endurer.
Dès que les deux gêneurs seront partis, quand il trouvera la force de se remettre debout, il ira se chercher à boire pour occuper son temps. Il devrait lui rester deux ou trois de ces pilules miracles qu’il a achetées récemment à Bonnie. Ca devrait l’aider à basculer pour de bon dans le sommeil et à tuer tous ces interminables moments à venir…
Hunter a bien conscience qu’à un moment, il devra arrêter ces conneries et se remettre à faire les choses qu’il fait habituellement. Se lever, prendre une douche et s’habiller, manger et prendre sa moto pour aller au garage, bosser, manger, travailler encore et puis rentrer, s’occuper en bossant sur sa bécane en attendant l’heure où il pourra aller au drugstore boire un coup dans son coin avant de rentrer dormir et recommencer le lendemain. Peut-être qu’il ira voir Charlie ou une autre fille à un moment donné pour baiser. C’est toujours bien de changer un peu sa routine… Peut-être que bientôt, il aura les couilles d’aller voir Anastasia ou Carter pour s’excuser de son comportement de l’autre fois. Mais dans un cas comme dans l’autre, il sait que ça n’est pas pour tout de suite. Il n’a pas envie de leur parler. De toute manière pour le moment tout ça lui semble un peu abstrait.
Il a l’impression que ces tâches sont à accomplir par un autre que lui. Un genre de double... Toutes ces choses, c’est un autre que lui qui les fera, dans un genre de dimension parallèle. Lui il n’aspire qu’à attendre que le temps passe.

Il prend une longue inspiration et expire. Inspire et expire. C’est déstabilisant de se concentrer sur son souffle. Il finit par avoir l’impression de ne plus savoir comment s’y prendre pour respirer. C’est pourtant un truc élémentaire… Ca l’arrangerait bien d’oublier comment on fait. S’il pouvait boire jusqu’à oublier ça en plus de tout le reste, ce serait parfait.
Hunter cherche à se concentrer sur autre chose et il finit par remarquer une tâche sur la moquette. Ile ne se souvient pas comment elle a été faite. Sûrement parce que ce n’est pas lui qui l’a faite. C’était la chambre de ses grands-parents il y a quelques années encore alors peut-être qu’ils sont à blâmer pour ça… Il aimerait bien demander à sa grand-mère comment s’est arrivé, mais elle n’est plus là. Elle fait partie de cette liste apparemment sans fin de personnes qu’il a connues, aimées, et puis qui l’ont laissé tomber. Pas étonnant, il ne peut franchement pas leur en vouloir. S’il pouvait, il se laisserait tomber aussi à vrai dire. Mais c’est pas si simple.

Il entend du bruit. Des pas qui se rapprochent de la chambre. Peut-être Nath, peut-être Hadley, il s’en moque. Hunter tente de se concentrer à nouveau sur la tâche devant lui. Mais son esprit est sans cesse ramener sur la personne qui se trouve quelque part dans son dos et ne se manifeste plus. Qui que ce soit, il s’est immobilisé. Il sent sa présence dans son dos et c’est agaçant à vrai dire. Il n’aime pas qu’on le regarde. Il a envie qu’ils se tirent et qu’ils lui foutent la paix.
Peut-être qu’il faudrait qu’il fasse semblant de ronfler ou quelque chose comme ça… Mais ça ne lui inspire rien. Le mécanicien n’a pas envie. Ca a l’air fatiguant. Il fait suffisamment semblant d’un tas de choses au quotidien sans s’imposer ça en plus. L’autre va bien finir par se lasser de toute manière. Se lasser, se tirer et le laisse en paix. Enfin en paix… il faut le dire bien vite.
Il entend du bruit dans le reste de la maison. Quelqu’un remet certainement un peu d’ordre. Que ce soit Nathaniel ou la sœur de Matt : il leur souhaite bien du plaisir.

Les secondes s’écoulent avec une infinie lenteur et il est de plus en plus tenté de jeter un œil dans son dos, pour voir lequel des deux est en train de respirer dans la chambre et de le surveiller. Enfin peut-être pas, peut-être qu’il/elle est perdu/e dans ses pensées à l’heure actuelle…
C’est Hadley. C’est forcément Hadley.
Et elle ne met pas bien longtemps à le lui confirmer.
Hunter l’écoute attentivement. Chaque mot raisonne dans son esprit et il essaye même de trouver un écho, de s’imprégner de ses paroles et d’en faire quelque chose de productif pour une fois. Elle peut le comprendre, c’est évident. Sa mère a disparu, son fiancé s’est tiré aussi et puis finalement, son frère est mort d’une manière totalement stupide. Elle peut le comprendre, c’est certain…
Mais il n’a pas envie de ça. Pas vraiment. Qu’est-ce que ça changera de toute manière de savoir que quelque part dans le monde, quelqu’un aussi a mal pour des raisons similaires ? Il le sait déjà et qu’est-ce que ça change ? Absolument rien. Il ne se sent pas soulagé, par mieux, pas moins seul.
Au contraire, ça le fait sentir stupide, égoïste, cruel.

Et puis le silence retombe dans la chambre à coucher où ses deux grands-parents sont morts il y a des années de ça, le laissant orphelin. Carter a encore son père, elle. Lui n’a même pas la moindre foutue idée de qui est son géniteur.
Et puis sans trop savoir pourquoi, malgré l’effort que ça lui demande, il se risque à rompre la quiétude. Il ne sait pas trop ce qu’il va dire, il va être hors sujet, mais ça sort tout seul et il laisse les mots venir, le fait de ne pas voir Hadley l’aidant grandement dans cette tâche.
« J’comprenais pas comment elle faisait. J’comprenais pas comment elle faisait pour rester si immobile pendant si longtemps. Ca m’rendait absolument fou d’rage. Triste aussi… J’avais envie d’la s’couer, d’lui hurler d’ssus. J’l’ai fait une fois ou deux j’crois… J’essayais aussi d’être gentil… Compréhensif et tout ça. J’essayais d’l’amadouer, d’lui faire des cadeaux, des dessins à la con ou des gâteaux stupides… Puis quand ça marchait pas, j’essayais d’êt’ méchant, d’la menacer, j’lui ai même tapé d’ssus une fois ou deux, parce qu’elle s’était juste laissé tomber par terre et elle voulait pas s’lever. Devant tout l’monde c’est arrivé une fois, dans un magasin. Elle avait juste plus envie d’avancer. J’en suis pas super fier d’l’avoir fait mais elle me poussait à bout… Sans rien faire d’autre qu’êt’ là, elle arrivait à m’pousser à bout… La seule réaction qu’j’arrivais à obtenir d’elle c’était soit un "Soit un gentil p’tit garçon et laisse maman se reposer. Maman est très très fatiguée" ou alors elle se mettait à chialer. Une fois elle s’est mise à hurler et elle s’est griffée la figure jusqu’au sang. Elle a gardé une cicatrice… Au bout d’un moment j’ai arrêté d’essayé. J’me suis dis que l’plus simple pour comprendre pourquoi elle faisait ça, ce s’rait d’faire pareil qu’elle. Alors j’m’allongeais près d’elle. C’était comme si j’étais paslà. Elle me r’gardait mais on aurait dit qu’elle me voyait pas. C’était bizarre. J’restais quand même à côté d’elle, sans parler et sans bouger. Ça pouvait durer longtemps. J’sais pas trop combien d’temps parce que j’avais pas trop la notion du temps. C’était long en tout cas… Le plus souvent, j’finissais par m’endormir. Pas elle. Elle dormait jamais. Pourtant, elle arrêtait pas d’dire qu’elle était fatiguée… Tellement fatiguée… Y a toujours un moment où j’finissais par avoir faim, ou soif ou par vraiment trop m’ennuyer. Les gosses ça a besoin d’bouger et tout ça… Elle elle avait jamais besoin de rien. J’lui préparais des trucs à manger, genre des bols de céréales ou quoi parce que j’savais pas cuisiner. Parfois j’allais faire du charme aux mamies du coin qu’j’avais repérées pour qu’elles me filent des trucs. Elle m’avait appris à piquer aussi alors de temps en temps, j’allais faire ça puis j’lui ramenais. Elle mangeait jamais c’que j’lui apportais. Elle continuait de juste…rien faire. Parfois elle se pissait dessus. Je savais pas trop quoi faire dans ces moments là. J’avais pas trop envie de nettoyer parce que c’était sale mais elle l’avait fait pour moi quand j’étais p’tit alors j’lui apportais des trucs pour s’nettoyer un peu, mais elle voulait pas toujours se bouger alors j’devais l’aider. J’lui disais que c’était pas grave, que c’était un accident et puis elle se mettait à pleurer la plupart du temps. J’comprenais pas… »
Il marque enfin une pause, toujours immobile, contemplant la tâche sur la moquette de son regard morne.
« Maintenant j’comprends. C’est fatiguant. C’est fatiguant de parler, de se lever, de sourire, d’aller pisser, de manger, de baiser, de faire plaisir, de respirer. C’est…insupportable d’avoir à faire ces choses encore et encore et encore. Ca n’s’arrête jamais. J’ai besoin que ça s’arrête. C’est absolument insupportable et je suis vraiment…fatigué. La bouteille, ça rend les choses moins épuisantes parfois. Mais malheureusement, ça va pas m’faire disparaitre. J’aimerai vraiment, vraiment, vraiment beaucoup, mais j’sais que c’est pas aussi simple… J’vais devoir continuer à vivre avec moi-même pendant un bout d’temps encore… »

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

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Elle ne s’était pas vraiment attendue à entendre sa voix s’élever dans la pièce, elle était alors presque sur le pas de la porte, elle s’arrêta net dans son élan et se figea sur place, écoutant ce qu’il avait entrepris de lui répondre…les mots n’eurent tout d’abord que très peu de sens, il lui fallut un certain temps pour comprendre de quoi il parlait. Elle resta là une minute, peut-être deux avant de regagner sa place initiale d’un pas lent et silencieux, elle se ré-adossa à la commode et braqua son regard sur son voisin qui continuait son laïus qui n’en finissait plus, sa voix était fatiguée, presque brisée et ses yeux toujours perdus dans un néant qu’elle était incapable de voir. C’était donc encore et toujours de sa mère qu’il s’agissait…le fantôme d’Helen n’avait jamais vraiment quitté Grayson, il l’avait porté encore et encore jusqu'à épuisement et si la jeune femme avait sans doute pu se sentir capable de l’aider à remonter la pente d’une façon ou d’une autre, elle n’en était plus vraiment si sûre à présent, certes elle partageait une partie de son expérience, de sa douleur et de son traumatisme mais, celui de la petite brune n’était en rien comparable à ce qu’elle pouvait observer de là où elle se trouvait.

L’histoire qu’il lui servait était à la fois atroce et pénible à entendre, Hunter dépeignait la scène avec une telle vivacité que cela en était douloureux même pour elle, elle ne dit rien, elle ne dira rien…pas tant qu’il parlera, pas tant qu’il laissera échapper ce qui le ronge si durement mais, elle n’était pas vraiment sûre de savoir comment répondre à cela quand le moment sera venu, quand il s’arrêtera et aura répondu à sa façon à sa demande. Dans le cas présent, il n’y avait pas de réponse toute trouvée, pas de formule prête à l’emploi, rien qui ne puisse l’aiguiller sur le comportement à adopter, mise à part les souvenirs de tout ce qu’elle avait détesté entendre quand elle avait elle-même été dans un état pareil…elle ne se souvenait plus très bien de cette période là parce que la plupart de ses souvenirs étaient flous, elle avait passé ces mois entiers complètement shootée aux médocs et quand elle n’était plus sous leurs effets, elle était de toute façon à des lieux de tout le monde, a des lieux de Grayson. Néanmoins, pour le peu qu’elle s’en souvenait, les gens passaient leur temps à lui dire qu’il comprenait son chagrin, qu’ils étaient désolés pour elle, que le temps rendrait les choses plus faciles…mais tout ca n’avait été pour elle qu’un disque rayé qui tournait en boucle et n’avait même plus de sens, parce qu’elle imaginait mal comment ils pouvaient comprendre, comment le temps arrangerait quoi que ce soit…et elle avait eu raison, il n’avait rien arrangé du tout, c’est elle qui l’avait fait, c’est elle qui dans un mécanisme de survie s’était posé l’ultimatum de se lever ou de se lever crever comme ça…et c’est donc tout ce qu’elle ne dirait pas à Hunter, peut-être que sa façon de voir les choses était finalement bien pire, peut-être qu’elle ne serait pas d’une grande aide mais, au moins elle ne prétendrait pas…la suite ne tenait de toute façon pas à elle mais, a la seule volonté d’Hunter de se sortir de la tombe qu’il creusait lui-même.

« J’ai besoin que ça s’arrête. C’est absolument insupportable et je suis vraiment…fatigué. La bouteille, ça rend les choses moins épuisantes parfois. Mais malheureusement, ça va pas m’faire disparaitre. J’aimerai vraiment, vraiment, vraiment beaucoup, mais j’sais que c’est pas aussi simple… J’vais devoir continuer à vivre avec moi-même pendant un bout d’temps encore… » Il avait marqué une courte pause avant de terminer par une constatation qu’elle n’avait pas vraiment envie d’entendre ou de comprendre, peut-être même les deux…probablement les deux mais, pourtant elle écouta avec attention, les traits de son visage oscillant entre la colère, la peine et la compassion. Elle resta silencieuse une bonne minute comme pour être sûre de ne pas l’interrompre, puis après avoir poussée un long soupir équivoque elle prit la parole pour répondre, espérant qu’elle trouverait la façon appropriée de s’exprimer, chose pour laquelle, elle se savait plutôt malhabile.

« Je suis bien consciente qu’il y a des choses dans ton passé qu’tu peux pas oublier et avec lesquelles tu dois vivre tous les jours…j’imagine, enfin que si elles sont toutes comme ça, tu ais besoin d’oublier d’accord mais, tu peux pas dire et faire des choses comme ça Hunter…je sait plus quoi faire, je voudrais vraiment pouvoir t’aider mais, pour ca il faut que tu me dises comment, il faut que tu me parles une bonne fois pour toute…je vais pas pouvoir supporter de te regarder t’infliger ca longtemps, je peux pas…je peut plus faire ca d’accord, je te regarderais pas disparaître toi aussi…alors si tu veut te laisser crever comme un chien, ce sera sans moi… » Elle avait la gorge serrée et elle se triturait les mains dans des gestes plutôt agités, toute cette situation la rendait nerveuse et elle avait cette désagréable impression de ne pas réussir à s’exprimer clairement, à dire ce qu’elle avait espéré lui dire correctement… « Réagit Hunter…s’il-te-plait, essaye, juste une fois dans ta vie, essaye vraiment de faire quelque chose, arrête de faire semblant de vivre un instant et essaye…s’il-te-plait… » Elle avait juste envie de s’approcher et de le secouer, comme si cela allait aider à le réveiller, à faire entrer ce qu’elle essayait de lui dire en vain dans son esprit mais, elle n’esquissa pas le moindre mouvement, elle avait beau être vraiment touché par ce qu’elle voyait et entendait, elle essayait au mieux de garder un ton neutre, de garder son sang-froid et de contenir ses émotions, elle refusait de verser la moindre larmes, elle en avait déjà bien trop donné cette semaine. « Elle est partie d’accord, elle reviendra peut-être jamais mais t’as pas besoin d’elle, t’as plus besoin d’elle maintenant, arrête de te cacher derrière ce gamin abandonné Hunter, c’est trop facile…» Ce n’était pas tant dit sur le ton de la provocation, c’était juste une façon de le pousser un peu, bon si c’était peut-être de la provocation mais, elle était Carter et il savait très bien à quoi s’attendre avec elle non ?

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Il soupire. C’est ça qu’on est censé ressentir quand quelqu’un cherche à nous aider et à nous comprendre ? C’est normal qu’il se sente toujours aussi merdeux, si ce n’est plus ? Encore que… Hunter s’attendait à ce que ce soit plus difficile à vivre, plus difficile à raconter. Il n’a jamais raconté ça à qui que ce soit et est le premier surpris que ce soit vers Carter qu’il se soit tourné pour le faire. Matt aurait été un choix plus judicieux, avant son décès. Ana aussi sans doute. Mais c’est elle qui a pris. C’est elle qui prend depuis un moment et une part de lui en est sincèrement désolé. C’est peut-être à cause des médocs ou de l’alcool, ou du mélange des deux qu’il se montre si bavard, il n’en sait strictement rien et il s’en fout. Il va juste savourer le fait d’être anesthésié pour le moment.
Hadley devrait en faire autant et profiter de son manque de réaction pour vider son sac. Mais apparemment, il n’a pas besoin de la mettre au courant, elle le fait sans son accord.
En d’autres temps, il serait très probablement monté sur ses grands chevaux en l’entendant lui parler sur ce ton. Il aurait mal prit le fait qu’elle critique sa manière de gérer ses propres merdes et qu’elle vienne fourrer son nez dans des affaires qui ne la concernent en rien. Mais aujourd’hui, ce soir (il n’a aucune idée de l’heure qu’il est), ça ne lui fait ni chaud ni froid, ou presque. Presque parce qu’une part du garagiste est soulagé de voir qu’elle est restée malgré ce qu’il vient de lui raconter…

Mais il aurait dû s’y attendre de la part d’Hadley. Elle n’a jamais eu peur de lui, jamais éprouvé le moindre scrupule à le titiller ou à lui tenir tête. Elle n’a jamais eu peur des conséquences de ses actes. Elle a un sale caractère, à l’image de son frangin qui était du genre impulsif et qui, même s’il avait un grand cœur, ne se laissait pas marcher sur les pieds.
Il se laisse même aller à sourire en entendant sa dernière réflexion et en captant l’agacement et du défi dans sa dernière réplique. Mais son sourire s’efface rapidement. C’est fatiguant de sourire.
« Ça m’a pas l’air facile à moi, Hadley… »
Il marque un temps d’arrêt, pour réfléchir à ce qu’il va pouvoir dire ensuite. Il se doute qu’elle a envie d’entendre plus que ça. Parce que pour le coup, c’est une réplique un peu facile…
« J’peux pas t’aider à m’aider… J’sais pas non plus c’que j’veux entendre ou… J’sais pas. »
Nouvelle pause. Il n’a aucune idée de ce qu’il raconte.
« J’t’ai rien d’mandé. Ca j’le sais… »
Elle réagit au quart de tour et il l’interrompt.
« J’dis pas ça pour… C’que j’veux dire c’est que j’t’en veux pas de m’tourner l’dos. J’l’ai fait avant toi de toute manière, après… »
Après Matt.
« T’as l’droit. T’en as déjà beaucoup fait. »
Et il le pense sincèrement. Après le manière dont il l’a occultée pendant toute cette année pour en pas avoir à être confronté à son chagrin, Hunter ne pouvait pas attendre quoi que ce soit de sa part. Pourtant elle avait été là pour lui. De manière souvent maladroite, mais peu importait. Elle ne l’avait pas laissé tomber. Elle n’était pas Helen. Du moins pas encore…

Le motard se tait à nouveau. Il a la nausée. Il se sent fiévreux. Le silence lui fait du bien. Mais il ne dure pas. Alors il se fait une raison et prend la conversation en main une fois encore, sans trop savoir où ça va le mener. Mais il estime que Carter a effectivement mérité des réponses après el mal qu’elle s’est donné. Elle est encore là et rien que pour cette raison seulement, elle mérite une putain de médaille…
Ceci dit, il n’est pas certain que la récompenser en l’éclaboussant de sa merde soit très charitable… Mais c’est ça qu’elle veut, non ? Comprendre ce qui se trame, avoir les cartes en main pour voir si elle va être capable ou non de l’aider. Et si elle n’en est pas capable ?
Si il se confie et qu’elle se contente d’un : désolé mec, là j’peux rien pour toi. Et si elle se barre ? Au moins si ça arrive, le garagiste aura une excellente raison de baisser les bras.
Lui tournant toujours le dos, son regard délavé perdu dans le vague, il se lance.

« J’ai toujours…J’ai toujours cru qu’elle reviendrait m’chercher. Elle a promis qu’elle le ferait et j’me suis toujours persuadé que… J’pouvais pas avancer et faire des projets, parce que j’me disais qu’j’allais devoir tout laissé tomber pour m’tirer avec elle quand elle ramènerait enfin sa tronche… Et puis j’ai finis par me faire une raison. J’me suis dis qu’elle était morte. Qu’c’est pour ça qu’elle venait pas. Mais tout en m’disant ça, j’espérai encore la voir débarquer… J’ai jamais envisagé qu’elle ait pu simplement… refaire sa vie et m’oublier. »
Sa gorge se noue douloureusement. Le reste a du mal à sortir.
« J’ai été stupide. J’ai mis ma vie entre parenthèses pour cette…salope. Parce que je pensais qu’elle m’aimait ou une connerie comme ça. J’ai finis par oublier qu’Helen n’était capable d’aimer qu’Helen… » articule-t-il laborieusement, sentant ses yeux le picoter désagréablement.
Il prend une profonde inspiration et son expiration est tremblotante.
« Cette fille… Celle qui était avec moi à Thanksgiving – je sais qu’tu l’as vue, tout l’monde l’a vue – cette fille, c’est celle d’Helen. »
Ça aussi c’est plus facile à dire qu’il le pensait.

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Elle n’a pas à attendre très longtemps avant qu’il réagisse à ses propos et ce qu’il lui dit n’est pas tant surprenant, évidemment qu’il ne trouve pas facile, rien n’est facile dans l’histoire d’Hunter mais, même si toute cette histoire n’est pas son choix, la façon dont il fait face, la façon dont il gère ca est au contraire la sienne et elle n’a pas vraiment le sentiment qu’il y mette beaucoup du sien. La jeune femme serait incapable de dire comment elle réagirait si elle était à sa place, peut être qu’elle serait elle aussi allongée dans ce lit à se laisser crever lentement ou peut être pas…elle ne saurait le dire, elle n’y a jamais pensée mais, dans l’immédiat elle ne se sent pas dans la capacité de rester sans rien essayer, sans tenter ne serait-ce qu’un minimum de le faire réagir pour qu’il se reprenne en main une bonne fois pour toute, il le peut, elle le sait, ce n’est pas comme si Hunter n’avait pas une force de caractère similaire à la sienne après tout.

« J’peux pas t’aider à m’aider… J’sais pas non plus c’que j’veux entendre ou… J’sais pas. » Elle laisse échapper un souffle ironique, il ne peut pas ? C’est plutôt qu’il ne veut pas, il n’y a jamais mis du sien jusqu’ici alors elle a bien du mal à croire qu’il ne sait juste pas, si seulement il essayait seulement de faire quelque chose et par là, elle entend autre chose que de noyer ses pensées dans la bouteille ou se shooté aux somnifères…Elle est là, elle est prête à faire ce qui est dans ses moyens pour l’aider mais, elle ne peut pas le faire pour lui, il doit être prêt à se sortir de ca, sans quoi cela ne mènerait à rien et ne serait qu’une perte de temps et d’énergie considérable.

« J’t’ai rien d’mandé. Ca j’le sais… »
« Tu m’as rien demandé ? Tu te fout de moi Hunter ? Tu t’autodétruits consciemment devant moi parce que tu sais que je vais te ramasser, tu sais que… »
Elle n’a pas le temps de terminer, la bouche ouverte et les mots au fond de la gorge, c’est la voix du grand blond qui résonne entre les quatre murs de cette chambre et la suite ne lui plait pas beaucoup plus, même si elle entend qu’il essaye sûrement de faire un pseudo méa-culpa, la façon dont les choses s’agencent ne lui renvoie que les derniers évènements en pleine figure, parce qu’elle ne lui a jamais tourné le dos, ca a toujours été lui oui…quand son frère est mort, quand elle s’est sortie toute seule de son enfermement c’est encore elle qui est revenue, qui a cherché sa compagnie, quant à la semaine passée, c’est lui qui l’a rejeté une fois de plus…quand ? Elle aimerait bien savoir quand elle lui a un jour tourné le dos. Elle lâche un soupir laissant apparaître une pointe d’agacement, elle ne sait même plus pourquoi elle tient tant à ce qu’Hunter fasse partie de sa vie, parce que depuis que Matt n’est plus entre eux, il ne lui à apporter que des ennuis et pourtant elle est encore là, à espérer pouvoir faire quelque chose, à ce qu’il la laisse lui venir en aide…Certains diront sans doute qu’elle se raccroche à lui parce qu’il est ce qui lui reste de plus proche de son défunt frère, d’autres diront que c’est pour se sentir mieux, peut importait, elle ne savait même pas pourquoi elle le faisait, elle le faisait c’est tout parce qu’elle devait tenir un minimum à lui, ce qui en soit était tout de même un mystère vu la façon dont il se comportait à son égard.

« Je t’ai jamais tourné le dos Hunter…j’ai fait que me tenir à l’écart parce que c’est ce que tu me pousses à faire depuis… » Elle ne termina pas sa phrase parce qu’elle savait qu’il avait très bien compris « Laisse tomber. Je crois pas que tu veuille de l’aide de qui que ce soit et surtout pas de moi…j’vais pas te dire que je comprend mais je vais pas, j’vais plus t’forcer. »
Après tout qui voudrait écouter une gamine à problèmes comme elle et qu’est ce qui lui faisait croire qu’elle pourrait faire quelque chose, c’était sans doute présomptueux de sa part. Il avait suffit qu’elle baisse les bras pour qu’il se décide ou peut-être que le moment, le cocktail qu’il l’avait rendu aussi amorphe ou juste un moment de lucidité, qui sait mais, il s’ouvrit enfin à elle, pour laisser échapper ce qui lui rongeait les tripes. La voix d’Hunter laissait paraître tous le malaise et la difficulté de la chose et ce n’était plus seulement d’Helen qu’il s’agissait, les réponses qu’elles avaient voulues lui était désormais donné sur tout, sur ce qui le faisait agir ainsi, sur qui était cette fille et ce qu’elle entendait la laissait complétement interdite, elle n’aurait jamais un instant imaginé ca…

Elle s’avança vers le lit et s’y assit, toujours dans le dos de son voisin, elle ne le lâchait pas du regard même si le sien restait désespérément braqué sur le sol, elle hésitait à poser sa main sur son épaule pour le réconforter et l’assurer de sa présence mais, elle n’en fit rien parce qu’elle ne voulait pas qu’il le prenne de la mauvaise façon, comme de la pitié ou quelque chose de ce genre et c’est ce qui serait sans doute le cas. Elle resta donc là sans bouger, les mains poser sur les cuisses, elle pinça ses lèvres, puis se décida à prendre la parole, sans vraiment savoir ce que cela allait donner.
« Je…tu as une sœur ? » Elle oscillait entre se dire qu’au fond c’était plutôt une bonne nouvelle, cette gamine avait vécu avec Helen et partageait surement ainsi bien plus de choses avec Hunter qu’il n’en avait partagé avec quiconque…il avait encore de la famille, encore quelqu’un à qui se raccrocher un minimum…restait à savoir si lui ne le percevait que comme la triste réalité que sa mère tout comme la sienne, l’avait laissé derrière elle sans se retourner, comme si il n’était rien et n’avait jamais signifié quoi que ce soit, ce qui était une vérité difficile à avaler, elle ne pouvait que le comprendre. L’image de son voisin et de sa sœur à Thanksgiving ressurgit très clairement dans son esprit et elle se demanda alors pourquoi ils avaient alors agi comme…comme un couple…
« Qu’est ce qui s’est passé avec elle ? Pourquoi est ce qu’elle est partie ? »
Des tas de questions se bousculaient dans sa tête mais, elle ne voulait pas l’en assaillir, alors elle pris une seconde pour calmer ses interrogations.
« Tu pouvais pas l’attendre indéfiniment…elle aurait pu revenir, elle ne l’a pas fait…elle a pris sa décision y a longtemps et elle mérite pas que tu gâches ta vie pour elle tu sais, tu mérites mieux qu’Helen Hunter… »

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Le dire n’était pas si difficile mais assumer l’avoir fait, c’est une autre paire de manches en fin de compte…
Hunter se doute de ce qu’elle va penser. Il a pensé à la même chose pratiquement aussitôt que Baby lui a avoué sa véritable identité. Elle va se demander s’il l’a tripotée, s’il l’a embrassée, s’il a couché avec elle en sachant qui elle était. Hadley va forcément y penser. Toute la ville va se poser la question si jamais la rumeur fini par se propager, et elle le fera, parce qu’ils sont à Grayson, Hunter n’en doute pas. C’est simplement une question de temps. Ils vont savoir ce qu’il a fait et ils vont être au moins aussi écœurés que lui.
Quand il a compris la supercherie, il s’est donné envie de vomir. C’est le goût de ses lèvres qu’il tente d’effacer à jamais des siennes et de sa mémoire en avalant tous ces litres d’alcool. Il veut noyer le pénible, l’insupportable souvenir de sa bouche venant s’écraser contre celle de sa propre putain de demi-sœur.

« Qu’est ce qui s’est passé avec elle ? Pourquoi est ce qu’elle est partie ? »
Il a envie de lui expliquer, de se justifier, mais les mots restent bloqués dans sa gorge. Sa langue lui donne l’impression d’être collée à son palet. Le garagiste n’arrive plus à respirer. Il sent un poids sur sa poitrine et ne parvient pas à retrouver son souffle. Plus il se concentre dessus, plus il semble perdre le contrôle sur ses poumons, comme précédemment, quand il attendait que le temps passe.
Il est en train d’étouffer comme un crétin dans son pieu, alors qu’Hadley est assise dans son dos. Une mort de connard pour un connard, c’est parfait. Il ne mérite que ça. Il mérite certainement pire que ça pour tout ce qu’il a pu faire.
Ses yeux clairs se brouillent de larmes qui commencent à dégringoler, glissant le long de son nez pour rejoindre celles déjà tombée sur l’oreiller qu’il sert avec force sous sa joue.
« Tu pouvais pas l’attendre indéfiniment…elle aurait pu revenir, elle ne l’a pas fait…elle a pris sa décision y a longtemps et elle mérite pas que tu gâches ta vie pour elle tu sais, tu mérites mieux qu’Helen Hunter… »
Non. Il a eu la mère qu’il méritait. Ca aussi il veut lui dire mais il est incapable de formuler la moindre phrase. Hunter serre les dents et prend sur lui, conscient que s’il ouvre la bouche tout de suite, il va se mettre à hurler, à chialer, et qu’il sera incapable de s’arrêter.
C’est ce qui s’est passé après la mort de Matt. Il a tenu des semaines, des mois, et puis après l’incident avec Anastasia, il a craqué. Il a cru qu’il n’arriverait jamais à s’arrêter. Et puis il avait finit par s’endormir et le lendemain matin, il avait préparé un sac, enfourché sa moto et avait disparu pendant plus d’une semaine.

Il ferme les yeux, laissant s’échapper des larmes et étouffant quelques sanglots laborieusement. Mais le silence pesant qui règne à présent dans la chambre rend ses tentatives de dissimulations vaines.
Hunter comprend qu’il est allé trop loin maintenant. Il n’est plus question de revenir en arrière, de n’avouer que des demi vérités ou de se rétracter maintenant. S’il le fait, il va perdre Hadley. S’il le fait, elle va le laisser tomber comme tout le monde l’a fait jusqu’à présent, parce qu’il n’a pas été foutu de faire un effort. S’il ne veut pas la perdre pour de bon, il faut qu’il continue sur sa lancée. Même si ça lui coûte, même si c’est difficile et épuisant.
« Je peux pas avoir de sœur Hadley… J’peux pas la laisser… J’lui ai dis d’partir, j’lai virée parce que… J’peux pas » sanglote-t-il en continuant de lui tourner le dos, buttant sur certains mots à cause des lames de rasoirs qui se trouvent dans sa gorge. « J’peux pas avoir de sœur, c’est trop dur. J’peux pas r’commencer. J’ai eu un frère. J’ai eu un frère et il est mort. Matt est mort et j’peux pas revivre ça avec qui qu’ce soit. J'peux pas, j'peux pas ! »
Et puis sa crise de larmes devient trop intense pour qu’il puisse prononcer le moindre mot à nouveau et il se résigne au silence pour pleurer tout son saoul.

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Elle avait arrêté là, parce que c’était déjà beaucoup à procéder pour Hunter dans les circonstances actuelles et qu’en plus de cela, elle ne disposait pas d’assez d’information pour vraiment s’étendre et il serait plutôt malvenu de faire trop de suppositions…elle n’était même pas sûre qu’il écoute vraiment ou que ses paroles passeront la nuit…

Il n’avait pas entreprit de répondre jusqu’ici et trop concentré sur ce qu’elle disait et sur comment elle le disait, elle ne s’était pas rendu compte qu’il s’était mis à pleurer…C’était quelque chose à laquelle il était difficile d’assister, Hunter n’était pas le genre de personne à montrer de quelconques émotions, voir même sentiments si ce n’était la colère dont à peu près toute la ville avait un jour été témoin alors c’était assez particulier et déconcertant d’assister à ce spectacle, elle ne savait pas trop quoi faire, voulant à tout prix éviter de paraître condescendante. La jeune femme passe alors la main dans ses cheveux en soupirant, la fatigue lui tombe un peu dessus, elle n’a pas la moindre idée de l’heure qu’il était à présent, probablement pas si tard que ça mais la soirée avait été pénible, les yeux toujours fixés sur son ami, elle cherchait ce qu’elle pouvait dire ou faire mais, elle était un peu effrayée de mal faire alors qu’il avait enfin pris sur lui pour s’ouvrir un peu à elle, elle était bien consciente qu’elle n’avait jamais été très douée pour faire dans le délicat, un truc censé être quasiment inné chez les femmes à ce qu’on dit mais, elle avait été élevée entouré d’hommes alors elle avait bien vite oublié d’être délicate et fragile, ce n’était pas vraiment possible pour elle en grandissant…il n’y avait pas besoin de chercher bien loin pour comprendre d’où elle tenait son caractère bien trempé, elle avait au moins eu besoin de ca pour s’imposer un minimum.

Finalement Hunter trouve moyen de prendre sur lui et de lui répondre tout du moins en ce qui concernait Baby, sa sœur…une idée qu’elle allait avoir bien du mal à avaler, alors lui…elle ne pouvait que comprendre sa réaction et le fait qu’il l’ait envoyer promener, le tout était de savoir depuis quand exactement il était au courant et pourquoi il n’avait rien dit…ce n’était pas une information anodine qu’on pouvait balancer entre un bonjour et un comment ca va, elle en convenait mais, de là a ne pas lui dire alors qu’elle avait bêtement tenter de le mettre en garde contre elle…elle se sentait un peu stupide à présent, puis l’image d’un Hunter paniqué à l’évocation du nom de la gamine lui revint en tête, il était déjà au courant c’était évident, il l’avait associé à Helen, il lui avait dit…d’une certaine façon certes mais, il lui avait dit, le baragouinage et les réactions d’Hunter la dernière fois qu’elle l’avait vu devenaient beaucoup plus claires désormais…
« J’peux pas avoir de sœur, c’est trop dur. J’peux pas r’commencer. J’ai eu un frère. J’ai eu un frère et il est mort. Matt est mort et j’peux pas revivre ça avec qui qu’ce soit. J'peux pas, j'peux pas ! »

La gorge de la jeune fille se serra encore un peu plus…c’était la première fois qu’elle l’entendait, le voyait avoir une quelconque réaction à la mort de son frère et ca lui brisait littéralement le cœur…elle avait un peu de mal à déglutir, elle passa sa main sur son visage comme si elle pouvait ainsi se débarrasser de toute forme de tristesse qui pourrait marquer ses traits, comme si c’était si facile, un simple geste qui cependant ne montrait aucune utilité. Elle n’arrivait pas à sortir un seul mot parce qu’il mettait simplement des paroles sur ce qu’elle avait ressentie pendant des mois, sur ce qu’elle ressentait toujours, sur ce qui serait sans doute le cas jusqu’à la fin de ses jours, Matt avait…était tout pour elle, c’était sa famille, son confident, son meilleur ami, son frère…ils partageaient tout, n’avait pas le moindre secret, pas le moindre tabou, jamais elle n’avait été aussi proche de quelqu’un, jamais elle n’avait aimer quelqu’un aussi intensément, jamais elle n’avait pleurer quelqu’un avec autant de force, pas même sa mère, pas même Dorian et dieu savait à quel point son départ l’avait torturée.

Elle n’était pas prête à lui dire au revoir, pas prête à vivre sans lui pour la guider, à le laisser partir…elle ne l’avait toujours pas fait même si elle en donnait l’apparence, parce que si elle le montrait au monde alors elle savait qu’elle ne serait pas capable de se persuader qu’elle arrive à faire face à tout ca et qu’elle est assez forte pour continuer.

Les larmes d’Hunter avaient redoubler en puissance et elle n’arrivait toujours pas à prononcer le moindre mots, elle sentait que si elle prenait le risque ne serait-ce que de prononcer son nom, elle ne serait pas capable de retenir ses propres larmes et c’était bien la dernière chose dont son voisin avait besoin maintenant…elle devait encore une fois prendre sur elle et faire fi de ses propres sentiments. Alors elle ne dit rien, elle se contenta de s’allonger auprès d’Hunter et de passer son bras autour de lui, posant sa main sur la sienne qui était remontée contre son torse, son visage reposant contre son dos. « Je sais… » elle ravala péniblement les larmes qui lui montaient aux yeux, pris une profonde inspiration avant de continuer jusqu’à ce qu’elle atteigne sa limite.« mais…t’as la chance de pouvoir retrouver ca…la laisse pas passer Hunter… je donnerais cher pour pouvoir retrouver ca ne serait-ce qu'un seul jour…mais je le pourrait jamais, toi si…»

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Il ouvre un œil. Le pièce est plongée dans l’obscurité mais il ne lui faut qu’une demi-seconde pour reconnaître le décor. Il est dans sa chambre, l’ancienne qu’occupaient ses grands-parents, face au mur et dos à la porte… Dos à Carter ?
Hunter tend l’oreille et cherche à repérer sa respiration dans la chambre, mais il n’entend rien. Son corps se souvient avant son esprit du contact chaud du corps de la jeune femme dans son dos et li frissonne. Elle doit être partie depuis un moment maintenant. Il a froid. Et il a faim.
Et il se sent absolument lessivé et stupide. Mais ça n’a plus rien à voir avec le genre de fatigue qui l’a englué pendant des jours (des semaines à ce qui lui semble), ce marasme permanent qui lui donnait l’impression qu’il était coincé, piégé dans sa propre peau. Il n’a plus l’impression d’être en chute libre. C’est un genre de fatigue différente, plus… saine ?
Son cerveau s’éveille enfin et il se sent capable de réfléchira présent. Le garagiste a enfin été débarrassé de ses œillères et la nouvelle paire d’yeux qu’il a sur le nez lui permet de voir les choses sous un autre angle, d’entrevoir des perspectives d’avenir. Ca lui fait un bien fou et il sait à qui il le doit.

Cette pensée lui rappelle évidemment à quel point il s’est ridiculisé devant Hadley. Bien sûr, elle ne formulera jamais les choses comme ça, elle ne se fichera jamais ouvertement de sa gueule, mais Hunter se sent quand même sacrément morveux. Qu’est-ce qui lui a pris de se mettre à chialer de cette manière ? La dernière fois qu’un truc pareil lui est arrivé en public, il arrivait encore à se souvenir de la voix d’Helen et de son visage avec précision. Il n’avait même pas dix ans encore…
Est-ce que c’est pour ça qu’elle s’est tirée ? Pour ne pas avoir à soutenir son regard quand il se réveillerait enfin ? Pour ne pas avoir à lui faire la conversation après celle, plutôt gênante, qu’ils ont eu la veille ?
Hunter soupir. Il ne peut franchement pas lui en vouloir pour ça.

Son ventre se met à grogner, essayant de se rappeler à lui.
« Ouais, ouais… » marmonne-t-il en s’installant plus confortablement contre son oreiller pour passer ses deux mains sur son visage, faisant à présent face au plafond.
Il reste dans cette position un petit moment, avant de réaliser que si son estomac se tord de cette manière douloureuse et se manifeste si vivement, c’est parce qu’une odeur de pain grillé flotte jusque dans sa piaule.
Les sourcils froncés, Hunter se redresse sur ses coudes et prête un peu plus attention à ce qui se passe à l’intérieur de sa propre baraque. Cette fois, il entend du bruit. Peut-être que Carter n’est pas si partie que ça en fin de compte.
« Putain… » soupire-t-il, n’arrivant pas encore à décider si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Son estomac lui faire comprendre qu’il faut qu’il arrête de penser avec son cerveau et qu’il le nourrisse très rapidement, sinon il ne répondra plus de rien. Alors Hunter finit par s’asseoir au bord de son matelas et, après s’être assuré que ses jambes cotonneuses le soutiendront convenablement, il se met debout. Ses genoux craquent laborieusement et il lui faut tout de même s’appuyer un peu contre les murs pour maintenir son équilibre un peu précaire. Putain il a mal partout…

Il passe d’abord par la salle de bain, histoire de se rafraichir un peu et de constater l’étendue des dégâts. Et accessoirement pour qu’Hadley comprenne qu’il est debout et qu’elle ait le temps de se préparer à l’affronter. Ca lui laisse surtout une chance de se faire la malle si c’est de ça qu’elle a envie.
Après s’âtre copieusement arrosé le visage et avoir avalé quelques longues et salvatrice gorgée d’eau fraiche, Hunter se redresse et observe son reflet dans le miroir fissuré par ses soins. Il jette un rapide coup d’œil sur ses mains et l’histoire de la fin tragique de sa glace devient évidente à retracer.
Il a une sale tronche, mais après avoir avalé un morceau, bu trois quatre tasses de café noir et dormi encore un peu à l’occasion, les choses devraient commencer à rentrer un peu dans l’ordre à ce niveau là. De toute manière, c’est pas comme s’il était attendu à son bal de promo ou une saloperie du genre… Hunter plaque négligemment ses cheveux blonds sur son crâne et s’éloigne de l’évier, dirigeant ses pas vers la cuisine en essayant d’oublier la trouille qu’il éprouve à refaire face à Carter.

Il la trouve devant les fourneaux, comme il s’y attendait. Enfin c’est sans doute un terme un peu abusif… Elle a fait brûler ses tranches de pains et s’énerve contre le toaster qu’elle n’arrive apparemment pas à régler. Il s’appuie contre le chambranle de la porte et enfonce une main dans la poche du jean qu’il a enfilé dans la pièce d’eau, gardant son torse nu.
« Hey… » se manifeste-t-il finalement, gardant ses distances.

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Elle s’était réveillée dans l’exacte position dans laquelle elle s’était endormie et n’avait pas la moindre idée de quand cela c’était produit, ce qu’elle savait cependant c’est qu’elle n’avait pas du beaucoup récupérer, elle se sentait épuisée et vaseuse et le jour ne perçait pas encore à travers la fenêtre de la chambre. Elle jeta un œil par-dessus l’épaule d’Hunter pour constater qu’il dormait encore profondément, elle se redressa doucement pour ne pas le réveiller et passa sa main sur son visage pour ôter tout résidus de sommeil avant de jeter un coup d’œil alentour et de se glisser précautionneusement en dehors du lit. La maison était silencieuse et plongé dans l’obscurité, elle ferma soigneusement la porte et se dirigea vers le salon où elle alluma la lumière, un rapide coup d’œil à l’horloge lui indiqua qu’il était à peine sept heures, Nathaniel avait visiblement mis de l’ordre dans la pièce, elle ressemblait bien moins à une décharge que la veille mais, ce n’était pas encore ca…la brunette poussa un soupir et se résigna à d’abord se faire couler un peu de café avant de s’attaquer à un rangement un peu plus poussé, elle avait pour cela quelques bonnes heures devant-elle, ne travaillant qu’en début d’après-midi.

Elle prit la direction de la cuisine et commença à fouiller les placards qui se révélèrent désespérément vides, bon dieu depuis quand n’avait-il pas fait de courses, depuis quand n’avait-il rien avaler, il n’y avait absolument rien de consommable ici et son frigo faisait peine à voir…sans attendre la jeune femme récupéra ses clés et referma la porte sur elle-même afin d’aller récupéré deux ou trois trucs chez elle. Elle pénétra en silence dans la maison familiale, le bruit de la télévision résonnait dans l’entrée, elle s’y avança donc sachant pertinemment ce qu'elle allait y trouver...son père endormi sur le canapé, des cadavres de bouteilles de bières et quelques verres vidés du whisky qu’ils avaient sans doute contenus…c’était un tant soit peu répétitif même pour elle… Carter ramassa ce qui trainait autour de son paternel et alla déposer son piètre butin dans la cuisine, avant de revenir un verre d’eau à la main, elle le déposa sur la petite table et attrapa une couverture qu’elle disposa sur le corps endormis de son père, puis elle éteignit la télévision et retourna à la cuisine en silence. Elle nettoya la vaisselle qu’il avait laissée et jeta les restes, puis elle attrapa un sachet en papier et y enfourna, du café, du pain et deux-trois boites de conserves qui permettraient à Hunter de pouvoir voir venir et se remettre suffisamment d’aplomb pour se rendre à l’épicerie. Une fois qu’elle eut terminée, elle programma la cafetière, afin que son père puisse lui aussi essayer de reprendre ses esprits avant qu’elle ne rentre, ainsi la petite brune partie rejoindre la maison d’en face. Il lui avait fallu plus d’une heure et au moins trois tasses de café pour ranger et redonner un minimum d’apparence au salon et à la cuisine du mécano qui dormait toujours dans la chambre voisine.

8H30 - Sentant la fatigue faire son chemin, elle décida d’emprunter la salle de bain d’Hunter et d’aller prendre une douche pour se maintenir éveiller, il serait ensuite temps de le réveiller pour s’assurer qu’il allait bien et alors que peut-être elle aurait le temps de dormir un peu avant d’aller travailler, enfin c’était réellement une simple hypothèse encore fallait-il pour cela que ni Hunter, ni son père n’en rajoute une couche…Lorsqu’elle sortie de la douche, elle s'enroula dans une serviette qu'elle avait sortie du placard et s'appuya contre l'évier,observant le miroir dans lequel son image se reflétait, elle glissa ses doigts sur le verre brisé et poussa un soupir...cela n'allait pas être une mince affaire...elle se rhabilla et sortie de la salle de bain cette perspective en tête. La maison était toujours silencieuse mais baignait maintenant dans la lumière du jour, elle éteignit les lumières et ouvrit un peu les fenêtres, espérant ainsi faire disparaître cette affreuse odeur mélangeant tabac froid et alcool…une association assez désagréable. Elle retourna à la cuisine pour refaire couler du café, à l’allure ou elle le descendait, il était préférable de prévoir large pour Hunter, elle essaya également tant bien que mal de faire fonctionner son toaster qui devait dater d’il y a 30 ans et qui avait visiblement décidé de ne pas être très coopératif avec elle, agacé, elle s’apprêtait à jeter cette machine de l’enfer sur le sol quand elle entendit la voix d’Hunter dans son dos.
« Hey… »
Elle fit volte face et lui adressa un sourire, il a avait bien meilleure allure que les dernières fois où elle l’avait vu.
« Hey ! »
La jeune femme abandonna le toaster et attrapa sa tasse de café, s’appuyant contre le plan de travail pour lui faire face.
« T ‘as presque l’air vivant dis-donc… » Elle attrapa une des tasses qu’elle avait lavées et la remplie de café avant de la poser sur la table de la cuisine « Tient, y a aussi du pain brûlé si tu veux, il a servi un jour ces trente dernières années cet engin? parce que j’ai visiblement pas les compétences nécessaires pour que ce truc de merde veuille bien fonctionner. » elle leva les mains en signe de reddition « Oh et tient tu devrais prendre ça aussi… » Carter lui jeta un regard qui insinuait que ce n’était pas tant une proposition qu’une obligation en déposant à côté de la tasse fumante, deux petites pilules blanches, ca ne serait sans doute pas du luxe vu la nuit ou plutôt la semaine qu’il semblait avoir passé, ces médicaments avaient été plutôt salvateur pour son paternel a de nombreuses reprises et devraient faire leur effet sur lui aussi.

Il devenait clair qu'elle pourrai sans doute bientôt ouvrir une cellule de dégrisement si ca continuait comme ça...

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Il lui adresse un piètre sourire, mais un sourire tout de même. Il apprécie son attitude et le fait que son regard ne soit pas plein de pitié. Hunter n’en attendait pas moins de la part de la sœur de Matt. C’est une battante. Elle est certainement plus costaud que lui en fait. Elle ne se met pas à chialer comme une tapette à la première contrariété, elle… C’est certainement ce qu’Hadley doit penser qu’il est : un type faible, pleurnichard sans la moindre volonté. Mais au moins, elle ne le lui fait pas savoir et il ne peut qu’en être reconnaissant.
Le garagiste la regarde servir du café et en déposer sur la petite table de la cuisine sur laquelle il n’a plus manger depuis une éternité. Il observe les pilules qu’elle dépose évidemment à son attention et après avoir échangé un regard avec elle, s’approche pour venir tirer une chaise et se laisser tomber dessus.
« T’étais pas obligée d’faire tout ça, Had » lui signale-t-il en tirant la tasse vers lui, se saisissant des cachets. Il croise son regard dubitatif et son propre air un peu accusateur disparaît immédiatement pour laisser place à un sourire en coin amusé. « Mais j’avoue qu’j’suis bien content qu’tu l’ais fait. »
Il fait glisser les médicaments avec le café brûlant et grimace.
« La vache, c’est quoi cette merde ? T'essayes de m'empoisonner pour te venger ? Va falloir que j’te trouve un homme pas trop r’gardant parce qu’avec tes capacités culinaires, t’es bonne pour… OK, OK, j’ai rien dit. »

Hunter n’est pas stupide, il sait bien qu’ils ne vont pas pouvoir continuer à jouer à ce petit jeu du « je vais bien, tout va bien, il ne s’est rien passé » pendant très longtemps. Alors il profite des quelques instants de répits que la jeune femme veut bien lui accorder avant d’avoir à se confronter encore un peu à elle et à la vie de merde qu’est la sienne. Il a des décisions à prendre. Des décisions assez importantes, qui auront des répercussions non seulement sur son existence, mais également sur celle d’autres personnes. Il n’a jamais été très bon pour ce genre de tâches…
Il trempe à nouveau ses lèvres dans la tasse de café (immonde) qu’Hadley lui a servi et pousse un soupir, son regard azuré et cerné de mauve dirigé vers la fenêtre de la cuisine. Il sent le regard de son amie peser de temps en temps sur lui, à la dérobé.

« La dernière chose que j’voulais, c’était t’mêler à toute cette merde. Crois-moi… » finit-il par lâcher, étendant le bras pour attraper un des toast brûlé qu’elle a pris soin de préparer pour eux. Il n’y touche pas encore, même s’il meurt de faim, et se contente de le faire passer d’une main à l’autre, le regard fuyant. Comme d’habitude.
« J’suis…désolé que ça ait tourné salement l’aut’ fois et qu’t’ai eu à…m’baby-sitter hier encore et tout ça. J’sais aussi qu’les excuses c’est bien beau mais qu’ça fait rien avancer alors… » Il pousse un lourd soupir et passe une main dans ses cheveux avant de prendre une longue inspiration pour se donner un peu de courage. « J’veux qu’tu saches que j’vais faire comme t’as dis. J’me souviens pas de tout mais j’me souviens de suffisamment pour… Bref, c’que j’veux dire c’est que j’vais m’sortir les doigts du cul et arrêter d’geindre pour essayer d’faire quelque chose. J’ai trop compté sur les autres et i’ s’rait temps qu’j’apprenne à m’démerder pour de bon. J’ai déconné. J’ai sérieusement déconné, j’m’en rends compte maintenant, et j’veux qu’tu saches que j’vais m’ressaisir. »
Il n’attend pas franchement qu’elle approuve ou qu’elle applaudisse cette prise de conscience. Hunter veut juste qu’elle sache qu’elle n’a pas fait tout ça pour rien.
« J’garanti rien. J’vais essayer » ajoute-t-il tout de même, au cas où…

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Il lui adresse un mince sourire mais, un sourire quand même et autant dire que ca fait un bail qu’elle ne l’avait pas vu et elle doit reconnaître que ca fait du bien de le voir autrement, la colère et la tristesse est mine de rien plutôt fatigante à force et surtout à tendance à lui pourrir son propre moral, alors elle est bien décidé à profiter de ce répit peu importait s'il ne durait que quelques minutes. Hunter s’installa devant la tasse de café qu’elle venait de lui servir et lui lança un regard un peu inquisiteur lorsqu’elle déposa les pilules devant lui, elle ne lui répondit qu’en lui offrant un air inflexible.

« T’étais pas obligée d’faire tout ça, Had…mais j’avoue qu’j’suis bien content qu’tu l’ais fait.» Elle reste un peu interdite une seconde, si on lui avait dit qu’Hunter Pendleton lui montrerait un peu de reconnaissance un jour, elle aurait certainement rie pendant un moment, elle en fut suffisamment surprise en tout cas pour finalement se décider à s’asseoir en face de lui. La jeune femme secoue la tête à la négative, son regard braqué sur lui, puis laisse finalement échapper un sourire qui disparaît dans sa tasse de café, café qui ne se révèle pas très bon mais, elle considère que compte tenu de l’équipement de son voisin et de son clair manque de sommeil, ce n’est pas si mal, dommage c’est pourtant un des seuls trucs qu’elle sait faire correctement. Rien à foutre si elle peut le boire, il ne devrait pas faire la fine bouche et pourtant, à peine a-t-il avalé une gorgée qu’il lui fait remarquer son incapacité à sortir quoi que soit de comestible d’une cuisine, bon ok il n’a pas tort, elle n’a jamais été foutue de cuisiner mais, étant donné les circonstances il valait mieux qu’il la ferme et qu’il fasse semblant d’apprécier, tous ces petits-amis avaient réussi à le faire alors pour l’occasion il devrait y arriver. Elle lui adressa un sourire supplémentaire avant de lui répondre sur un ton ironique.

« Jt’emmerde Hunter, tu souris et tu bois! et t’inquiète pas pour moi je compense grandement par plein d’autres talents. » Bon finalement c’est bien moins terrible que ce qu’elle aurait pu imaginer en se levant même si elle n’est pas stupide et se doute bien que la conversation reviendrai bientôt sur les évènements passés, sur Baby et sur ce qui risquait d’arriver dans un futur proche et elle ne croyait pas si bien dire car c’est exactement ce qui suivi…le silence s’installa d’abord quelques instants, elle ne s’en offusqua pas, les silences ne l’a dérangeait pas vraiment et elle avait l’habitude de les voir récurrents avec Hunter, rien de bien nouveaux donc…elle l’observa sombré dans ses pensées ou tout du moins c’est l’impression qu’il lui donnait, elle ne dit donc rien et se contenta d’attendre en allumant une cigarette.

« La dernière chose que j’voulais, c’était t’mêler à toute cette merde. Crois-moi… » Ca, elle avait bien cru le comprendre, il s’était donné assez de peine pour la tenir à distance, non pas seulement de cette merde comme il le disait mais de tout, de sa vie en général et c’était quelque chose qui l’avait particulièrement blessé mais, elle se gardait bien de le lui dire, elle l’avait fait dans le passé, elle ne le referait pas, il avait peut-être un égo surdimensionné mais, le sien n’était pas mal dans son genre non plus. Les excuses et le beau discours suivi logiquement ses propos, elle appréciait la façon dont il prenait les choses, elle avait suffisamment attendu pour le voir réagir de cette façon, aussi elle s’en réjouissait mais, entre le dire et le faire la marge était énorme et elle avait assez assisté et vécue de déconvenue pour ne plus prendre les promesses comme telles, ce qu’elle voulait c’était des actes, c’était voir Hunter se secouer et reprendre sa vie en main, c’était voir son père sortir de sa stupeur et de son enfermement, c’était de constater du mieux, parce qu’elle n’en pouvait plus de devoir faire avec tous ces problèmes, toutes ses mauvaises surprises qui lui gâchaient la vie. Elle le laissa parler, elle le laissa lui affirmer qu’il avait compris, qu’il allait essayer de faire quelque chose, parce qu’elle avait vraiment envie de l’encourager dans cette perspective là et parce qu’elle voulait vraiment le voir réussir a tenir ses engagements mais, ce qu’elle avait vraiment envie d’entendre c’était ce qu’il comptait faire pour que tout ca prenne du sens.

« Bien. »
La brunette ôta ses mains de sa tasse et se recula un peu plus dans sa chaise, croisant ses bras contre sa poitrine, sa cigarette se consumant entre ses doigts.« Je veux pas entendre de promesses que tu tiendras pas Hunter, j‘ai envie de te croire quand tu me dis que tu vas essayer, j’ai vraiment envie mais, tu comprends bien que j’ai déjà entendu trop de promesses qui se sont perdues je n’sais où...c’est des actes que j’attends, alors me dit pas que tu envisages de faire quelques chose, dis moi ce que tu vas faire pour te reprendre en main et crois moi, si je peux t’aider alors je le ferais… » Peut-être qu’il allait se braquer, elle espérait qu’il ne prendrait pas ca comme un manque de croyance, parce que la jeune femme croyait vraiment en lui, elle savait qu’il avait les ressources nécessaires pour aller de l’avant, elle ne voulait juste pas crier victoire maintenant, c’était trop tôt pour ca. « J’ferais ce que je peux pour toi mais, si tu t’en donnes pas les moyens Hunter alors ce sera plus la peine de compter sur moi jte préviens, je peux plus faire ca, je suis fatiguée tu comprends. » Son ton était neutre et sa voix posée, elle n’était pas là pour se faire plaindre mais, seulement pour qu’il sache qu’elle était les tenants et les aboutissants la concernant, elle ne jouerait plus à ce petit jeu désormais, elle arrivait au bout de ses limites, trop de choses lui tombaient sur les épaules ces derniers temps et si elle ne se fixait pas immédiatement des limites, elle ne donnait pas chère de sa peau avant de sombrer à son tour.

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Ouais… Lui aussi aimerait bien y croire. La vérité c’est qu’il a l’impression d’avoir déjà essayé des douzaines de fois et que ça n’a jamais rien donné. Pour le moment, il se sent léger, mis en confiance, mais c’est certainement parce qu’Hadley est face à lui et joue les filets de sécurité. Elle l’a soutenu, il l’a repoussé et elle est restée malgré tout. Ca lui prouve quelque chose. Ca lui prouve qu’il peut encore compter sur quelqu’un et c’est le genre de trucs qui donne envie de se défoncer, envie de renvoyer l’ascenseur et d’essayer de se bouger le cul. Mais Hunter ne sait pas combien de temps cette simple idée suffira à le motiver.
Il va falloir qu’il trouve autre chose, qu’il ne fasse pas tout reposer sur els épaules frêles de Carter. Parce que, nom de Dieu, elle aussi a une sale gueule… La gueule d’une fille sur qui le monde fait pleuvoir sa putain d’misère.
Hunter la laisse terminer, croise son regard et pousse un soupir. Pas très convainquant comme réponse, il en a conscience, mais il fait de son mieux. Et puis elle sait que ça ne va pas être facile pour lui. Elle sait qu’il va falloir qu’il se fasse violence, inutile de jouer la comédie et de lui faire croire qu’il se sent parfaitement à son aise.
Il lui fait signe de lui filer sa clope et tire dessus avant de reprendre la parole.
« Ca m’paraît correct comme deal » concède-t-il, crachant un nuage de fumée opaque.

Ils en arrivent au moment où il est censé expliquer son plan brillant, lui faire part de ses projets concrets. Le mécano a bien quelques pistes mais il ne sait pas encore comment tout ficeler ensemble pour que ça tienne la route.
Il ne compte pas lui promettre d’arrêter de boire ou quoi que ce soit de ce genre. Il va tâcher de ralentir un peu la cadence, ne serait-ce que pour soulager son compte en banque, mais c’est tout ce qu’il peut faire. Il a besoin de garder la tête froide, d’avoir les idées claires, mais il ne compte pas se sevrer. D’ailleurs il n’en a pas spécialement besoin.
Hunter se racle nerveusement la gorge et frotte le pli soucieux apparut sur son front de son pouce, cherchant comment présenter les choses.
« J’pense que t’avais raison hier, quand t’as parlé de… Enfin quand t’as dis que je devais considérer ça comme une chance… »

Bordel, c’est plus difficile de parler maintenant qu’il est totalement sobre et conscient de ce qu’il raconte. Il se sent idiot. Il se sent encore comme une tapette. Ca n’est pas dans ses habitudes de se confier de cette manière. A qui que ce soit. Matt parvenait de temps en temps à lui tirer les vers du nez, mais il était le seul. Même Anastasia n’a jamais été capable de le faire parler. Mais ni l’un ni l’autre ne sont là. Matt a une bonne excuse lui au moins… Il n’y a que Carter et elle a mérité le droit d’entendre ça. Elle a mérité qu’il parle un peu.
Enfin c’est sans doute plus un fardeau qu’un cadeau mais…

Il soupir à nouveau et rend sa cigarette à Carter après avoir aspiré de quoi s’encrasser les poumons.
« Elle est venue parce qu’elle pensait que j’savais où était Helen. Baby j’veux dire… Helen l’a abandonnée elle aussi et elle a pensé qu’elle serait à Grayson. Elle est aussi larguée que moi… Elle est aussi obsédée par cette salope que j’le suis… »
Il en a toujours eu conscience, mais c’est étrange de le reconnaître à haute voix et devant témoin.
« J’crois qu’elle a besoin d’aide. J’sais pas grand chose sur elle mais…j’crois qu’il y a pas grand monde pour veiller sur elle et s’assurer qu’elle…déconne pas… J’ai toujours voulu faire un tour du côté du Texas. »
Ou autrement dit : je crois que je vais aller la rejoindre...

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Sa seule réponse immédiate est un long soupir, oui elle est bien consciente de ce qu’elle vient de lui balancer et que ca lui semble sans aucun doute insurmontable, c’est de toute évidence difficile de se projeter de façon si immédiate et de savoir que d’autres comptent sur vous, mettent des attentes, peu importe lesquels sur vos épaules. Mais, à dire vrai peu importe car Carter pense se trouver dans son bon droit en lui disant toutes ces choses, parce qu’il a décidé de l’impliquer en se reposant consciemment ou non sur ses épaules à elle, elle a le droit de demander un retour. Le blond lui fait signe de lui faire tourner la clope qu’elle laisse se consumer depuis tout à l’heure, ce qu’elle fait, alors et seulement après avoir tiré une longue taffe qu’il lui concède ses paroles.

« Ca m’paraît correct comme deal »
« Bien » enchaîne-t-elle en décroisant les bras et en ramenant sa tasse au bord de la table. Son visage reste cependant fermé, le contraire même de celle qu’elle lui avait présenté lorsqu’il était entré dans la cuisine, le sujet était sérieux, elle ne plaisantait pas, chacun des mots qui sortaient de sa bouche était balancé et mesuré, elle ne prenait pas du tout la situation à la légère, pas après ce à quoi elle avait assisté la veille, le temps où elle s’était mise des œillère en se disant que ce n’était rien, que ca passerait sans doute était on ne peut plus révolu, maintenant soit ca passait, soit ca cassait, l’avenir le lui dirait probablement assez rapidement. Elle porte sa tasse de café à ses lèvres pendant que son voisin cherche ses mots ou une échappatoire, elle n’était sûre de rien, elle tira une grimace lorsque le liquide toucha ses lèvres, son café était déjà tiédasse ce qu’elle détestait, bouillant ou rien du tout, c’est comme ca qu’elle le buvait, elle se leva donc et jeta ce qu’il restait dans la tasse dans l’évier et se resservie, la voix du grand blond se fit de nouveau entendre…et ce pour commenter ce qu’elle lui avait dit la veille au soir avant qu’il ne s’endorme. Pour être tout à fait franche, elle ne pensait pas qu’il se souvenait de ça, elle avait eu l’impression qu’il n’était déjà plus tout à fait là quand elle avait prononcé ses mots précis, elle les pensait et ils lui avaient arraché le cœur mais, elle n’avait rien trouvé de plus parlant pour qu’il comprenne. Oui il considérait Matt comme son frère et la réciproque était tout aussi vraie, elle le savait, cela l’a fit sourire, elle avait si souvent été jalouse de ce que les garçons partageaient pour la simple et bonne raison que ce qu’ils avaient était tout aussi unique que ce qu’elle partageait avec son frère. Unique mais différent. Mais Baby était sa sœur de sang, il partageait une mère suffisamment taré pour mettre en pièce ses enfants même des années après les avoir abandonnés, cette gamine avait sans doute tout autant besoin de lui qu’il n’avait besoin d’elle…ils pouvaient avoir quelque chose de salvateur, ils pourraient peut-être avoir ce qu’elle avait eu et elle savait qu’il n’en faudrait pas plus pour remettre Hunter sur le droit chemin si l’on pouvait dire cela comme ça. Elle fit volte face sa tasse à la main et revint s’asseoir à sa place initiale, tachant de ne pas se brûler en avalant le liquide noirâtre et fumant. Elle lui fit signe d’un regard de continuer, pour une fois les rôles étaient inversés et elle le laissait faire le boulot de conversation. Il ne lui renvoit qu’un soupir supplémentaire, et ouai mon grand la prochaine fois que tu ne me répondras que par onomatopée, t’auras une idée plus claire de ce que ca fait. Il lui rendit sa clope, qu’elle porta directement à ses lèvres.

Bingo, c’était parfait enfin ce n’est pas vraiment ca qu’elle devrait penser mais, en réalité cela facilitait grandement les choses car si cette gamine avait vécu une enfance paisible avec une mère parfaite, ca n’aurait pas mené à grande chose, ils n’auraient jamais pu se comprendre mais, là Hunter avait une chance de pouvoir faire le deuil de la mère qu’il imaginait depuis toutes ces années et peut-être de comprendre que son départ n’avait peut-être pas été la pire chose qu’il pouvait lui arriver. Quant à l’aspect positif pour Baby, il y en avait sans aucun doute mais, elle ne s’en préoccupait pas vraiment. Quand il évoque le fait qu’elle n’a probablement personne pour l’empêcher de déconner, cela amène un large sourire sur les lèvres de la brunette, elle essaye de le ravaler mais sans succès enfin il faut avouer qu’Hunter n’était sans doute pas le premier choix ou modèle à suivre en matière de limites et de déconne mais, avec de la volonté qui sait…Ainsi il comptait partir la rejoindre…c’était bien la dernière chose qu’elle avait imaginé provoquer.

« Je pense que c’est une bonne idée…je veux dire, ce que t’as toujours voulu c’est des réponses sur Helen, tu veux te confronter à la réalité ? Alors parle avec cette gamine, assures-toi qu’elle est pas toute seule, t’as une chance d’avoir de nouveau une famille, essaye d’en faire quelque chose… » Elle écrasa ce qui restait de sa cigarette dans le cendrier qui trainait sur la table avant de poursuivre. « Mais je t’en pris Hunter fait ça correctement, évite de le faire avec trois grammes dans chaque bras ok ? D’ailleurs pour infos, tu trouveras plus une goutte d’alcool ici…c’est pas comme si t’en avais pas assez bu pour l’instant de toute façon. Et t’avises pas de gueuler sur le sujet parce que j'te jure que t’as pas envie de faire ça. »

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Il n’a pas envie de pourrir l’ambiance mais de son côté, il a du mal à envisager que les choses soient aussi simple. Hunter a du mal à concevoir que sa relation future avec Baby puisse uniquement dépendre de son attitude et du fait qu’il soit sobre ou non. Évidemment, il ne compte pas tituber vers la jeune fille, il n’est pas attardé non plus, mais il lui faudra bien un moteur, quelque chose pour lui donner un peu de courage… Carter ne sera pas là pour le voir de toute manière et il fera comme bon lui semble si jamais il décide finalement de mener son projet d’aller rejoindre Baby à exécution.
Ça l’agace un peu de l’entendre lui parler comme s’il était totalement débile et n’avait aucune idée de ce qu’il faisait. D’accord, c’est plus ou moins le cas, le mécanicien n’a pas de points de repère et n’a aucune idée d’où il va mettre les pieds, mais Hadley n’est pas obligé de le traiter de cette manière. D’autant qu’elle ne sait pas non plus comment les choses vont se passer. Elle ne connait même pas Baby et n’a pas entendu les choses qu’ils se sont déjà dites.

Hunter tique d’agacement, affiche une moue bougonne, et préfère mordre dans son toast cramé plutôt que de s’emporter. Mais ça finit par trop monter. Il veut bien faire des efforts, prendre sur lui, mais y a des limites. Et puis il ne s’est jamais engagé à renoncer à sa personnalité.
« Ouais, si tu l’dis » grogne-t-il avant de repousser le toast dans une grimace écœurée et d’épousseter ses mains pleines de miettes au-dessus de la table. Petite vengeance, histoire de lui rappeler qu’elle non plus n’est pas parfaite.
« J’ai pt’être pas été hyper dans mon assiette ces temps-ci, mais j’me souviens encore comment m’torcher, Hadley. J’vais m’secouer un peu, ça veut pas dire que j’vais tout révolutionner et m’inscrire à la putain d’chorale, tu saisis ? »

Il se lève et décide d’aller s’occuper du grille-pain qui a opposé tellement de résistance à son amie. Il le rebranche, le remet à sa place habituelle, avant de fouiller dans le paquet de pains pour s’en sortir une tranche qu’il garde en mains, sans y toucher. Il fait porter son regard en direction de Carter, appuyé au plan de travail dans son dos.
« J’vais gérer ça comme j’ai envie. C’est peut-être une chance mais… J’me connais mieux qu’toi Hadley et j’veux surtout pas qu’elle devienne une nouvelle déception ou pire, une nouvelle obsession. J’ai assez d’Helen en tête et j’veux pas qu’tu m’parles comme tu l’fais en c’moment. Parce que si ça tourne salement – et vu notre dernière conversation, y a toutes les chances que j’me prenne juste son poing dans la gueule si j’la revois – j’veux pas en venir à te détester parce que tu m’auras vendu ça comme si tout allait rouler et être… Commence pas à râler, j’dis pas qu’c’est c’que t’as dis ! » se reprend-t-il en la voyant ouvrir la bouche avec une expression courroucée. « Écoute, j’ai juste pas envie d’avoir des raisons d’t’en vouloir parce que j’sais que tu fais tout ça pour moi. Tu comprends ? J’préfère y aller sans trop y croire et improviser. J’suis comme ça et tu m’changeras pas, donc laisse-moi faire mon truc à ma sauce » conclut Hunter avant de manger un bout de son pain de mie. « T’as pas une autre clope ? »

Elle lui en file une et il se l’allume avant de tirer dessus, revenant s’asseoir à la table, face à Carter.
« Bon, maintenant j’aimerai qu’on arrête un peu d’parler d’ma sale gueule pour parler d’la tienne… » lui lance-t-il en la désignant du menton, le pli soucieux sur son front refaisant son apparition.
Si Matt la voyait dans cet état…
Il lui laisse carte blanche pour parler de ce qui lui chantera. De son connard d’ex petit ami, de son paternel, de son job ou d’autre chose.

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