Genèse

« La précipitation est l'oeuvre du diable. Dieu travaille lentement. » ᚖ La Bible

Le baptême. Acte effectué afin d'effacer les pêchés de votre ancienne vie. Pêchés dont vous n'avez même pas conscience parce que vous n'êtes que des bébés la plupart du temps. C'est ce que tu as subi, âgée de quelques semaines seulement. Tu avais presque trois mois, tu avais nullement conscience de ce qui se passait, te contentant te regarder émerveillée la lumière entrant par les vitraux ou encore les visages qui te prenaient. Tu ne te doutais pas que ce baptême serait le début d'une vie axée sur la croyance en Dieu. Dieu qui allait se transformer en Dieux, et que la pureté allait se transformer elle aussi en un peu plus de noirceur. Mais c'est à des années. Tu n'es encore qu'un bambin innocent qui va se mettre à pleurer parce que tu allais recevoir de l'eau sur ton front afin de concrétiser le baptême. Et ça y est, tu pleurs à en faire mal aux tympans des personnes dans cette église. Pauvre petit bout de chou que tu étais, tu ne demandais rien sauf qu'on te nourrisse, qu'on te tienne et qu'on te change. Pas à avoir de l'eau sur toi. Tu fis donc partager aussi fort que tu le pouvais que tu n'aimais pas ça. Avec le temps, tu appris à garder ça pour toi. À rarement dire ce que tu pensais et ressentais, bien que tu as énormément de mal lorsque tu es en colère. Tu éclates bien souvent malgré toi.

Tu grandis, entourée de ta famille. Un père, une mère, une petite sœur. Sans oublier Dieu, Jésus, Marie, Joseph, les rois mages, l'âne, le bœuf, les anges, etc, etc, etc. Dans la dévotion, la croyance, l'adoration d'un Dieu unique et Tout Puissant. L'aimer, le craindre, l'adorer. Faire pénitence, ne pas pécher, aller à l'église, se confesser, prier. La routine pour ta famille. Ne pas faire de bruit, ne pas déranger, faire des tâches. Tu ne rencontras que très peu d'enfant de ton âge jusqu'à ce que tu ailles à l'école. Il y avait bien des réunions de famille de temps à autre, mais la famille ce n'est pas des inconnus. Les inconnus ne réagissaient pas très bien avec toi. Bien que jeune, tu étais mature, ne te comportant pas comme les enfants de ton âge et ses derniers n'aimaient pas du tout comment tu les traitais. Comme si tu étais mieux qu'eux. Après tout, ils ne connaissaient pas l'éblouissement et du Seigneur. Les enfants peuvent être très méchants, tu l'appris très jeune. Tu devins une paria, celle à qui on s'en prenait pour rire, on te menais la vie dure. Ta couleur de cheveux n'aidait pas non plus. Sorcière, monstre. Tu entendais des insultes de toutes sortes. Les enfants ont beaucoup d'imagination. Tu ne disais rien, te contentant de les regarder aussi froidement que tu le pouvais, te disant que tu étais mieux qu'eux et que tu ne devais pas te rabaisser à faire comme eux.

À ta grande surprise, Nathaniel Redd prit ta défense. Tu ne savais pas même pas qu'il avait remarqué que tu existais. Il était plus grand que toi, habituellement les plus grands ne remarquaient pas les plus petits. Le frère de Nathaniel aussi t'aidas, Clyde. Tu n'eus plus besoin de personnes d'autres, grandissant entourée d'eux, te faisant très peu d'amis chez les autres enfants. Ta petite sœur n'eut pas les mêmes problèmes que toi à l'école. Elle était loin d'être aussi attachée à toi à comment vous avez été élevées. Vous n'avez pas évolué dans des cercles différents. Vous faisiez comme si vous ne vous connaissiez pas quand vous vous croisiez dans les couloirs. Tu avais les Redd et ça te suffisait. C'est tout naturellement que tu commenças à éprouver des sentiments pour le plus jeune et ce dernier en éprouva aussi pour toi. Vous ne tardèrent pas à former un couple. Tu ne portais pas de bague de chasteté, mais c'était tout comme. Il fallait s'y attendre avec l'éducation que tu avais eu et tu n'y dérogeas pas. Tout allait presque bien dans le plus meilleur des mondes. Presque. Il y avait ta sœur, Helen. Vous aviez dix-huit mois de différence. Elle affichait que trop bien cette différence, faisant honte à ta famille. Peu importe ce que tes parents disaient, elle n'écoutait pas. Elle rentrait à des heures indues, s'habillait de noir, fréquentait des garçons de mauvaises familles, ne se rendait plus le dimanche à l'église, disait qu'elle préférait le diable, se mettant à l'implorer. Une impie, une païenne. Tu décidas de régler ça, un jour d'été, un peu après tes derniers jours au lycée.

Tu ne l'avais pas prémédité, ça t'es juste venue en tête comme ça. Vous vous baigniez en-dessous du pont de Tubery. C'était bien une des rares choses que vous aviez en commun : vous aimiez nager, faire trempette. Vous y allez ensemble par prudence, car l'étendue d'eau pouvait y être traîtresse. Malgré les avertissements et les incidents qui avaient eu lieu à cet endroit, vous vous y rendiez pareil. C'était bien l'une des rares fois où tu pouvais désobéir à tes parents. Là, tu désobéis à l'un des dix commandements. Ça ne fit rien à ta conscience, tu avais fait la bonne chose pour ta famille. Tu l'avais sauvé. Tu devrais avoir une médaille pour ça, mais tu es capable de vivre sans. Le courant était fort cette journée-là. Selon tes souvenirs, il n'avait jamais été aussi fort. Tu vis ça comme un signe lorsque tu vis ta sœur avoir du mal à nager. Elle était bonne nageuse, mais tu l'étais encore plus... et tu étais poussée par le signe. Tu allas vers elle rapidement, lui tirant un pied dès que possible afin de l’entraîner sous l'eau. Elle se défendit, elle avait la rage de vivre, toi ton cher signe. Vous vous êtes mises à crier, tu fus assommée un bref instant contre l'un des piliers du pont, mais tu ne perdis pas de temps à rattraper ta sœur et à réussir à garder sa tête sous l'eau. Dès qu'elle ne bougea plus, tu commenças à la ramener vers le bord, et c'est à ce moment là que des personnes ayant entendu des cris arrivèrent. Tu pleurais, traînant ta sœur dans l'eau, la joue en sang; tu en portes la cicatrice aujourd'hui. On vient t'aider, mais il était trop tard. Elle s'était noyée. On ne te soupçonna pas d'avoir aidé Helen à se noyer, tu te gardas bien de les contredire. Tu jouas la grande sœur éplorée sans trop de problème. Il n'y eut pas d'autopsie, tes parents étaient contre, te croyant.

Ta vie reprit son cours normal quelque temps plus tard, ne t'empêchant pas de poursuivre tes études afin de devenir assistante vétérinaire. Tu te marias avec Nathaniel, aménagea avec lui par la suite, vivant votre vie de couple. Vie qui se dégrada rapidement. Si toi tu l'aimais vraiment, tu pensais que pour lui, ce c'était pas le cas. Qu'il t'avais utilisée pour les apparences comme il le faisait avec d'autre. Bien entendu, c'est privé. En public vous êtes le charmant couple, celui idéal. Comment peut-il en être autrement ? Tu es la fille de bonne famille, travaillant pour le frère de son mari, œuvrant pour les bonnes œuvres, capable de sortir n'importe quel bout de la bible pour n'importe quelle situation. Certes, il y a tes crises de colère qu'on peut craindre, mais point de bouderie... bien qu'on rapporte que ceux ayant subi tes foudres ont tendance à avoir des accidents, mais ce n'est qu'une rumeur. Tu es la citoyenne parfaite de Grayson. Avec ta jolie clôture blanche, ton mari plus que parfait, tes manières parfaites et ta pelouse parfaite.

La perfection n'est qu'un voile. On ne se doute pas de ce que tu peux traficoter, parce qu'il y a bien une chose pour laquelle tu es redevable à ta feue sœur : la découverte des autres religions, des autres attraits que Dieu. Si tu fais tout ce qu'une bonne pratiquante fait en public, niveau privé, tu joues à d'autres niveaux. Ce n'est plus que de la simple croyance, c'est de la magie que tu pratiques et cette dernière n'est pas très blanche. Tu vas bien trouver un moyen pour que ton mari accepte de te faire un enfant. Tu n'en n'es qu'au début, ça t'as pris du temps avant de te décider de suivre ce chemin, de t'éloigner autant des chemins de Dieu Tout Puissant. Ça ne fait que très peu de temps, tu débutes et tu n'aboutis à rien, mais tu ne le regrettes pas. Tout comme ce que tu sais à propos de Grayson et ce que tu fais pour la ville. C'est secret, mais tu adores ça. Vous voulez un morceau de gâteau ?

》Vos sentiments sur Grayson • Grayson c'est ta ville. Point. Il n'y a pas grand-chose d'autre à rajouter. Tu assumes tout ce que Grayson est, tout ce que tu sais à propos de la ville, de ce qui arrive aux étrangers de temps à autre. Tu pourrais mourir pour Grayson. Tu y es née et tu comptes bien y rester toute ta vie. Tu es rarement sortie de cette ville et tu te fiches bien de ne pas connaître les autres. Celle-ci te convient parfaitement. Pour le meilleur et pour le pire.