Je ne raconte jamais mon histoire, parce que vous seriez incapable de l'entendre sans juger, critiquer ou pire, sans compatir. Je ne la raconte jamais. Mais j'ai appris à l’extérioriser, pour éviter que les souvenirs ne deviennent des fantômes qui me hanteront jusqu'à ma mort. Mon histoire s'étire sur mon corps, couvrant d'encre ma peau pâle, dessinant ce qui ne s'exprime pas. Elle marque ma chair, pour ne plus meurtrir mon corps. C'est ma solution, la seule que j'ai trouvé pour éradiquer mon passé. Chaque tatouage est un morceau de mémoire, quelques uns cachent de vrais cicatrices, mais la plupart ne font que les représenter.  Mais bon, j'suppose que pour satisfaire votre curiosité morbide, faut que je dévoile bien plus que mon corps. C'est mon crâne que vous voulez voir à nu. Alors soit.
J'suis née au Texas, bien loin d'ici, dans une petite ville, un peu comme la votre. Sur le papier, ça donnait pourtant bien, une mère au foyer qui se voulait aimante, un père prêt à travailler dur, une petite maison dans un quartier tranquille... Presque idyllique, non ? Sauf que la mère est aussi aimante que démente et si le père est plein de volonté, il la perd trop souvent au fond d'une bouteille d'alcool...
Il m'en a fallut du temps pour comprendre pourquoi ils m'avaient eut. J'veux dire, leur vie devait déjà être chaotique sans bébé, alors pourquoi en faire un ?

J'ai cherché, longtemps. Et puis j'ai compris. La première raison, c'est le désir d'une femme, non pas de devenir mère puisqu'elle l'était déjà, mais de remplacer cet enfant qu'elle disait perdu. Je ne suis pas née pour être moi, je suis née pour être la copie d'un fils qu'on lui avait arraché.
La deuxième raison est tout aussi.... Folle. Elle vient de la volonté d'un homme de garder auprès de lui, la femme qu'il aime plus que de raison. Ce que ça donne au final ? Un échec. Moi. Je ne suis ni son fils enlevé, ni une raison pour elle de rester.
J'en veux à mon père, moins à ma mère, même si, entre les deux, elle reste le pire. Mais contrairement à lui, elle a une excuse derrière laquelle se cacher: La maladie. Pas de celle qui vous cloue au lit durant des mois avec une issue incertaine, mais de celle qui gangrène votre esprit et ronge votre raison, jusqu'à ce que vous en arriviez à perdre pied avec la réalité. Combien de fois m'a t-elle prit pour son premier enfant, alors que je n'avais rien d'un homme ? Combien de crise de rage, puis de larmes ?
Je ne les compte plus, mais les plus violentes d'entre elles sont gravés sur ma peau.

Scolarisé à domicile, j'avais pas trop l'occasion de trainer avec d'autres gosses. De toute façon, j'étais à éviter. La fille de la folle, ça l'fais pas des masses comme surnom quand on cherche à se faire des amis. Et puis, j'avais pas trop l'temps de m'en faire. Très rapidement, ma mère m'emmenait dans tous ses déplacements, ses fugues, ses fuites dans les bars. Parfois c'était marrant, parfois c'était glauque, souvent c'était particulier. Toujours inattendu. Et puis, un jour... j'ai été en age de dire non. Non, j'viendrai pas, non j'suis pas ton fils, non j'suis pas Hunter. C'est là que les emmerdes ont vraiment commencés. Déjà parce qu'elle était incapable d'accepter la réalité ou un refus, ensuite parce que mon père s'en est mêlé. Si je n'étais pas avec elle, à la surveiller, c'était que j'étais une mauvaise fille. Et que les mauvaises filles sont punies.
Alors moi aussi j'ai commencé à fuir. J'partais sur les routes, sans but précis, j'faisai des rencontres de tout types, j'm'arrêtai ici ou là, et j'repartais. Oh j'finissais toujours par revenir, même si je savais quel accueil on m'reservait... Mais j'avais besoin de me rassurer. Besoin d'savoir qu'Helen aussi rentrait.
On s'croisait, on r'partait.... ça marchait plutôt bien.

Et puis elle a disparu.... Juste.... Comme ça. Elle est partie un matin, comme d'habitude mais les jours se sont écoulés, puis les semaines, puis les mois... Et moi, comme une conne, j'l'attendai. Encore et toujours. Jusqu'à ce que je comprenne, qu'elle ne reviendrai pas d'elle même.

》Comment avez-vous atterri là ? • Une fugue. Une de plus, à rajouter à son palmarès. Sauf que celle-ci est différente parce qu'elle n'est toujours pas revenu. J'aimerai vous dire que j'en ai rien à foutre. Avec tout ce qui s'est passée, j'ai le droit de m'dire youpi, enfin libre. Mais premièrement il reste mon très cher paternel, toujours plus sur les nerfs quand elle n'est pas là, noyant la plaie de son absence dans l'alcool et deuxièmement.... Putain c'est ma mère. Et si il devait lui arriver quelque chose, si... Enfin, j'pourrai pas me le pardonner. Après tout, Helen est malade. Ce n'est pas sa faute... Alors me v'là. Sur ses traces, à Grayson, juste parce que j'me suis dis, que si elle n'est pas là où elle est habituellement, c'était qu'elle était venu ici pour son fils prodige, ce fils si parfait qui hante aujourd'hui encore son esprit.

》âge • Nameho
》comment avez-vous connu le forum ? • J'ai mes relations
》présence • 5/7
》autre chose ? • Rien à signaler, chef !

》code du règlement • OK