VOTRE HISTOIRE EST AUSSI LA MIENNE

« Mes parents sont avocats, ils n'ont jamais été présent pour moi, ils ne se sont jamais occupés de moi.» « Un jour mon père à abusé de moi, sexuellement, j'en garde de grave séquelles.» « Quand j'étais petite, ma mère s'est faite internée parce qu'elle souffrait de schizophrénie, c'est mon père qui m'a élevé.» « Au lycée, je me faisais harceler par des garçons plus âgés que moi.» « A cinq ans, j'ai failli mourir d'un cancer.» « Mes parents sont en prison pour trafic de drogues.» « Je suis étudiante en médecine. Je veux devenir infirmière. » « Mes frères et sœurs sont morts dans un accident de la route. » « Mes parents biologiques m'ont abandonnés devant un centre d'adoption. » « J'ai été en famille d’accueil six fois au total. »

Des histoires semblables à celles-ci, je pourrais encore en sortir de nombreuses autres. Une nouvelle histoire que j'invente, ou que je m'approprie à chaque nouvelle rencontre. Pour me faire prendre en pitié ou tout simplement pour avoir quelque chose à raconter. Parce que la vérité, c'est que je n'ai pas d'histoire. J'ai eu des parents aimants, tous ce qu'il y a de mieux, j'ai réussi à l'école, mais je ne me suis jamais intéressé à quoi que ce soit pour de quelconques études. Je préférais flâner et sortir avec les garçons.  Un jour, j'ai claqué la porte du nid familial, pour m'installer dans un appartement dans le Minnesota, avec mon petit ami. Qui celui-ci était bel et bien amoureux de moi, mais je m'en fichais. Ce n'est pas lui que je voulais. Celui que je voulais c'était Dorian.

Beau, brun, étudiant en médecine, bien foutu. Tous ce que j'aime. Je l'avais rencontré là où je bossais en tant que serveuse. On a vite accroché tous les deux, au début je n'avais même pas besoin de mentir, j'ai juste dit que je voulais devenir infirmière, ce qui était entièrement faux. Mais un p'tit mensonge n'a jamais tué personne, pas vrai ? Et puis, menteuse invétérée que je suis, j'ai continué de lui mentir, de plus en plus, pour le manipuler...


« Dorian ! Dorian ! C'est Elea, ouvre moi s'il te plait ! Ouvre moi... » Je pleurais tous ce que je pouvais, le visage en sang, des bleus un peu partout. Il vint m'ouvrir et je perdais connaissance dans ses bras. Quand je rouvrais les yeux, j'étais toujours chez lui. Et il était là, à mon chevet. « Eleanor, mais que s'est-il passé ? J'ai soigné tes plaies... » Avait-il murmuré doucement. « Mon petit ami.. C'est lui qui m'a fait ça.. ça fait des mois que ça dure, je n'en peu plus Dorian..» Mes larmes roulaient sur mes joues bleues et blessées.

Il ne lui en avait pas fallut plus. Une fois, mon petit ami K.O. Dorian m'a garanti que j'étais hors de danger, j'ai emménagé chez lui et très vite on est devenu plus proches. Beaucoup... plus proches. La vérité, c'est que je n'ai jamais été en danger. C'est moi même qui me suis infligé tout ça, justement pour qu'il m'accueille chez lui, s'occupe de moi et finisse dans mon lit. Ce qui n'a pas raté. Il était bien trop prévisible, jusqu'au jour où il a pris des distances. J'ai tout fait pour le reconquérir, j'ai tenté de le manipuler à nouveau, mais rien n’a fonctionné. Il a rompu, mais je ne l'ai jamais accepté. Alors, je me suis mise à faire de sa vie un véritable enfer, lançant des rumeurs à son sujet, rayant sa voiture et crevant ses pneus. J'ai même brisé la vitre de son appartement et forcé la porte avec un pied de biche. Il m'a interdit de l'approcher. Alors j'ai employé la manière forte, sachant que si je me mettais en danger une nouvelle fois, il viendrait me sauver, parce qu'il est urgentiste et médecin, il ne pourrait pas ne rien faire.

J'ai enfoncé sa porte, pour la seconde fois de suite, j'ai pris un couteau de cuisine après avoir mis la pagaille dans son appartement, donnant des coups de poings dans tous ce qui était en verre. Puis je me suis rendue dans sa salle de bain, il n'allait pas tarder à rentrer, j'ai fait couler de l'eau dans sa baignoire. J'ai laissé tombé ma robe et mes sous-vêtements à mes pieds. Je me suis enfoncée dans l'eau glacée de la baignoire, j'ai empoigné le couteau. La main tremblante, j'ai pris de grandes inspirations. J'ai serré les dents et j'ai dit : « T'as intérêt à faire vite Spelling. » Et au même moment, je me suis enfoncée le couteau dans l'avant bras, recevant une giclée de sang sur le visage. J'ai hurlé à pleins poumons, j'ai commencé à voir trouble, à perdre pieds, je tremblais, puis je l'ai vu et j'ai souris avant de sombrer.

Il m'a sauvé d'une mort certaine. J'avais très bien calculé mon coup, mais ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'il m’envoie chier une énième fois. Il était censé culpabiliser pas me rejeter ! Alors j'ai vu rouge, et j'ai continué de le harceler. Jusqu'au jour où j'ai appris qu'il avait quitté la ville. Alors je me suis mise à le chercher. Et quand j'ai enfin trouvé, je n'ai pas hésité une seule seconde, j'ai enfourché ma moto et j'ai traversé le Missouri à la recherche de ce petit coin paumé et tranquille qu'est Grayson, là où mon amour de Dorian avait trouvé refuge.

Il ne sait pas encore que j'ai débarqué, parce que je me suis faite discrète, surtout parce que je ne sais pas encore où il loge. Mais je finirais bien par trouver. Je n'aurais qu'à demander au mec avec qui je bosse au Leo's, en tant que serveuse, lui il a l'air de savoir tout ce qu'il se passe dans ce charmant petit village.