Buried Alive

At first, I was barely alive, now I'm buried alive. ᚖ Lovers&liars

Il ouvre les yeux et admire son plafond. La migraine qui traîne dans son crâne est habituelle et constante, c’est à peine s’il la perçoit encore. Il grommelle entre ses dents et referme ses paupières. Pourquoi se lever ? Il n’a aucune raison de le faire. Depuis quand est-ce le cas d’ailleurs ? Adam ne veut pas s’en souvenir mais malgré lui, les images reviennent se coller dans son crâne. Le 04 octobre. C’est la cassure, le point de fuite, le début de la fin.
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Avant, il ne s’est pas passé grand-chose si on omet le déménagement et premier gros bouleversement dans sa vie d’enfant. Quitter l’Angleterre pour l’Amérique – et plus particulièrement Grayson, contre son gré l’a rendu partiellement insolent et colérique. Il a été imbuvable pendant plus de deux ans avec son entourage. L’arrivée de sa sœur l’a stabilisé ensuite, suffisamment pour qu’il soit plus sérieux à l’école et moins agressif avec tout le monde. Pas forcément tête d’ange et gamin parfait mais au moins, il semblait être plus doux et plus docile. Il ne fut pas vraiment étonnant pour autant de le voir fréquenter les mauvaises personnes une fois qu’il eut atteint l’adolescence. Il enchaîna quelques petites bêtises sans grande gravité. Ses parents fermèrent à plusieurs reprises leurs yeux – ne pouvant plus supporter le retour des disputes au sein du noyau familial, le plus important restait ses études, tant qu’il réussissait à l’école... Le reste était vivable. Ils déménagèrent une seconde fois pour cause de mutation du père quand Adam avait 16 ans. Chicago les accueillit alors et eut un effet bénéfique sur le jeune homme. Il se trouva très vite une jolie rousse qui lui mit un peu de plomb dans la cervelle et des amis un peu plus terre à terre. Des jours plus paisibles s’écoulèrent et les Norton semblaient tous au comble du bonheur. Adam partit à la fac pour devenir médecin et se voyait bien épouser quelques années plus tard Rachelle mais c’est sans compter sur ce soir du 04 octobre.

Ellie avait dix ans et Adam la jugeait assez grande pour se passer de sa surveillance constante. Les parents sortis, le grand frère se cala devant un film avec sa copine et laissa sa petite sœur vaguer à ses occupations à l’étage. Une fois l’heure de la mettre au lit atteinte, il se décida d’aller voir ce qu’elle farfouillait depuis des heures. C’est là qu’il la trouva, étendue sur le sol de la salle de bain, des boîtes de médicaments vides dans les mains. Adam avait son brevet de secouriste et suivait des cours de médecine, il connaissait les gestes et il a tout fait pour la ramener mais c’était déjà trop tard. Depuis combien de temps était-elle allongée  là ? Il l’ignorait parce qu’il n’avait pas été vigilant. Sa peau était trop blanche, son pouls inexistant. C’était simplement fini. Il s’obstina longuement mais c’était terminé. Ellie était morte par sa faute. Quand il prit conscience de ça, tout est devenu flou et le restera. Des phares, l’ambulance, l’hôpital. Une gifle. Une autre. Il a lu dans les prunelles de ses géniteurs ce qu’il était devenu. Un monstre, un criminel, un assassin. Pourquoi avait-elle ingurgité le contenu de l’armoire à pharmacie ? Personne ne le saura jamais et finalement, pour Adam, ça n’importait pas. Tout était de sa faute. Renié par sa famille, il fuit Chigaco et retourna alors à Grayson sans explications sur le pourquoi du comment il était revenu seul. Ici, cette histoire n’était pas connue et il pouvait être comme avant. Ça serait forcément comme avant pas vrai ? Sauf qu’il n’a jamais vraiment aimé Grayson, synonyme de changement et d’ennuis. Mais ça fait partie de son châtiment. Il s’est trouvé un emploi, a abandonné sa vie d’avant, coupé les ponts avec tous ses amis, sa copine et  délaissé ses études. Il ne vit pas mais ne survit pas forcément non plus. Il s'autodétruit et sabote toute potentielle rédemption. Ses jours se décomptent en litres d'alcool ingurgité.
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Toujours perdu dans ses draps, il soupire. Sa main fouille mécaniquement la table de chevet en quête d’un crayon et d’un carnet. Sans réfléchir, il l’ouvre et tourne les pages qui ne nécessitent pas son attention. Il en atteint une vierge et se met alors à écrire maladroitement. « Ellie, tu aurais eu 15 ans aujourd’hui. Je t’aurais sûrement acheté une peluche bon marché pour te faire rager et te faire comprendre que tu restes la cadette dans cette famille. Les garçons auraient déjà commencé à te courir après et je les aurai dissuadé très vite d’emprunter cette voie. On vivrait peut-être même encore à Chicago ou peut-être ailleurs, près de la mer que tu affectionnais tant.  Mais Ellie, t’es plus là et t’as éternellement dix ans. T’as même pas eu le temps de connaître ton premier chagrin d’amour, ton premier échec scolaire, ta première fugue, tes premières conneries. T’as été épargnée des cris de papa et des pleurs de maman. T’aurais pu aller loin, faire des études, épouser un mec bien mais c’est pas le cas. Je te demande pas de me pardonner, petite sœur. Je me pardonne pas non plus, je te l’ai promis. Je fais en sorte qu’on compatisse pas, je mens, je triche, je détruis. C’est mon châtiment et je le porterai jusqu’à ma mort. Et cette mort, je l’attends, je peux pas te le cacher. J’ai joué avec mes limites plusieurs fois en espérant les avoir dépassé. Ça serait simple de crever, trop simple et je mérite pas le repos. J’espère que toi, t’es en paix loin de ce que je suis devenu. Je vais pas te déranger plus longtemps. Ellie, tu me manques. Je suis désolé et je sais que ça suffit pas. » Il referme son calepin alors et le balance dans un coin de la pièce avant de rejeter sa tête dans ses oreillers. Plus rien n’a d’importance et n’en aurait jamais. La vie n’est qu’une grosse blague et il sait très bien qu’il sera jamais le dernier à rire. Manque de chance, il est pas non plus le premier.

》Vos sentiments sur Grayson • J'ai jamais aimé ce patelin mais ça, tout le monde s'en fout pas vrai? Ça fait cinq ans que je suis revenu et c'est comme si rien avait changé ou presque. Toujours aussi à l'étroit dans cette ville de fou. Les gens me laissent complétement indifférent et je me force juste à leur décrocher un sourire pour pas faire de vagues. Je veux juste qu'on me foute la paix.